La « bombe suédoise », la légendaire actrice Anita Ekberg, immortalisée par Federico Fellini dans La Dolce vita mais tombée dans l’oubli depuis plus d’une décennie, est décédée dimanche à Rome à l’âge de 83 ans.
Cette scène culte dans la fontaine de Trevi fera d’Anita Ekberg « la bombe suédoise ». (Photo : AFP)
Selon les médias, elle est décédée dans une clinique à Rocca di Papa, dans la province de Rome, où elle était hospitalisée depuis Noël, non loin de la localité de Genzano, où elle a vécu pendant des années. Elle est décédée en fin de matinée, entourée de ses amis locaux, n’ayant pas de famille en Italie. Selon son testament, citée par l’agence AGI, elle doit être incinérée et ses cendres envoyées en Suède.
Kerstin Anita Marianne Ekberg, sixième de huit enfants, née le 29 septembre 1931 à Malmöe (sud de la Suède) d’un père docker, se lance dans le mannequinat dès la fin de ses études car seule la mode l’intéresse. En 1967, de passage à Paris, elle déclare n’avoir jamais eu l’intention de devenir actrice. « En sortant de l’école (…) seule la mode m’intéressait et je suis entrée comme mannequin dans une maison de couture suédoise. Un jour, des amis, par boutade, m’ont conseillé de me présenter à l’élection de Miss Suède ».
Élue Miss Suède 1950, elle brigue aux États-Unis la couronne de Miss Univers. Celle-ci lui échappe mais John Wayne lui offre un premier rôle. Après cinq années à Hollywood, elle reçoit le Golden Globe 1955 du meilleur espoir féminin pour son rôle dans L’Allée sanglante (Blood Alley de William A. Wellman) et joue notamment dans Guerre et paix (1956, de King Vidor). En 1960, la plantureuse Anita crève l’écran dans La Dolce vita où son bain en longue robe noire bustier dans la fontaine romaine de Trevi fait chavirer Marcello Mastroianni. Surnommée jusqu’alors « l’iceberg », elle y gagne le qualificatif de « bombe suédoise ».
> « C’est moi qui ai rendu Fellini célèbre, pas le contraire »
« Sa beauté de petite fille déesse était éblouissante. La couleur lunaire de la peau, le bleu clair glacé du regard, l’éclat doré des cheveux, l’exubérance, la joie de vivre, faisaient d’elle une créature grandiose, extraterrestre et en même temps émouvante, irrésistible », dira d’elle Fellini. Volontiers provocante, elle n’hésitera pas à dire : « C’est moi qui ai rendu Fellini célèbre, pas le contraire. » Installée en Italie, elle tourne entre autres pour Dino Risi (A Porte chiuse, 1961), Terence Young (Zarak, le valeureux, 1957), Alberto Sordi (Scusi, lei è favorevole o contrario ?, 1966), Vittorio De Sica (Sept fois femme, 1967) et de nouveau Fellini dans Boccace 70 (Fellini-Visconti, 1962) puis Les Clowns (1970).
Mais sa carrière décline progressivement après le succès de La Dolce vita qui lui a rapporté la palme d’or au Festival de Cannes en 1960. À partir de 1970, ses apparitions à l’écran sont de plus en plus rares. En 1978, c’est le sursaut. Elle perd vingt-cinq kilos et tourne Suora Omicidi (La Petite sœur du diable), inspiré de l’histoire réelle de sœur Godfrieda, une religieuse belge, arrêtée pour le meurtre d’une quarantaine de malades dans une clinique.
En 1987, Fellini lui fait jouer son propre rôle et retrouver Mastroiani dans « Intervista ». Sa dernière apparition, un rôle dans une série télévisée Il Bello delle donne, date de 2002. En 2011, la presse révèle qu’à 80 ans, après une cinquantaine de films, l’ancienne star a dû demander une aide financière à la fondation Fellini. Elle réside alors dans une résidence pour personnes âgées, près de Rome, après une fracture du col du fémur. Au quotidien Il Corriere della Sera, elle disait se sentir « un peu seule » mais sans regrets après avoir « aimé, pleuré, été folle de bonheur ».
Anita Ekberg a été mariée à deux reprises : avec l’acteur britannique Anthony Steele (1956-1959) et l’acteur américain Rick Van Nutter (1963-1975).
AFP
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