Ryan Coogler présente Creed, septième volet de la saga Rocky lancée en 1976. Stallone est toujours là, il ne boxe plus, mais entraîne le fils de son ancien «meilleur ennemi»… Le jeune (29 ans) metteur en scène afro-américain, 29 ans, connaît les«ciné-classics» sur le bout des doigts.
Quarante ans que ça dure! Un ring, des combats dantesques… c’est Rocky Balboa! Il est apparu pour la première fois en 1976 dans Rocky , un film de John G. Avildsen qui, avec son budget de 960 000 dollars, remportait les Oscars du meilleur film et du meilleur scénario. Dans le rôle du héros combattant, du boxeur qui surmonte les épreuves pour s’en sortir : Sylvester Stallone… Et cette semaine, Rocky-Stallone est de retour dans Creed, réalisé par Ryan Coogler, le septième volet de la saga et des aventures de Rocky Balboa, une suite dans les règles…
Là, à près de 70 ans (l’âge de Sylvester Stallone), pas question de faire remonter Balboa sur le ring. Le grand Rocky est maintenant un homme âgé, fatigué, malade. Mais la boxe demeure encore et toujours son moteur de vie. C’est alors que vient le voir Adonis Johnson, un jeune boxeur qui n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed, décédé avant sa naissance, et aussi le «meilleur ennemi» de Balboa…
Adonis veut réussir une carrière au moins aussi belle que celle de son père – et pour y arriver, il ne trouve qu’un seul pour l’entraîner : Rocky Balboa, qu’il retrouve à Philadelphie. Dans un premier temps, Rocky n’est pas très chaud, est tout près de refuser la demande du jeune homme, mais quand il lui découvre une rare force tant physique que mentale, l’ancien champion accepte.
Un des meilleurs Rocky
Bon d’accord, tout ça paraît un peu cousu avec un fil rouge bien voyant, mais ça fonctionne, il faut bien l’avouer, et sur l’écran, on a un des meilleurs films de la saga Rocky . Pour plusieurs raisons. Ainsi, dans ce film des «premières» (il n’est ni écrit ni réalisé par Sylvester Stallone; Balboa ne s’y bat pas mais entraîne, ou encore le nom «Rocky» n’apparaît pas dans le titre…), Ryan Coogler propose une relecture «black» du mythe, même si dans ce long métrage, il n’évite pas certains clichés au bord du ring.
Ensuite, la production a réussi son coup en confiant le rôle d’Adonis Johnson au jeune (28 ans) Michael B. Jordan, parfait quand il faut montrer hargne et courage. On a droit aussi à des moments joliment rendus quand on monte, avec les combattants, sur le ring : à coup sûr, Coogler a avalé goulument puis digéré parfaitement les six précédents Rocky, parce que dans Creed , il filme «à l’ancienne» avec des plans longs – ce qui amplifie la violence des uppercuts et des directs… On n’oubliera pas les émotions qui transpirent de ce film avec, oui, ce n’est pas vraiment inattendu, des gros durs au cœur tendre, respectueux et affectueux.
Et puis il y a Sylvester Stallone, bientôt 70 ans, LE Rocky Balboa de la légende. Le 10 janvier, à Los Angeles pour son rôle dans Creed , il a reçu le Golden Globe du meilleur acteur dans un second rôle – catégorie dans laquelle il est également nommé (et favori) pour les prochains Oscars. Une fois encore, en vieux Rocky, il balade son air de cocker triste – et quand il va se recueillir sur la tombe de sa femme ou de son vieil ami et quand, affaibli, il est pris en charge par Adonis – et laisse apparaître une sensibilité émouvante.
Il tient le film de Ryan Coogler, ce Stallone qu’Hollywood a surnommé «Sly» ou encore «L’Étalon». Ce Stallone qui confie : «Balboa est le meilleur ami que j’ai jamais eu. Il a toujours été dans ma vie. »
Serge Bressan
Creed, de Ryan Coogler (États-Unis, 2h14) avec Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson…