Cape, épée, masque et moustache : Jean Dujardin enfile demain sur Paramount+ le costume de Zorro dans la série du même nom, un «vaudeville d’action» qui dépoussière le mythe en sondant l’intimité et la «schizophrénie» du héros.
Coproduite par France Télévisions, où elle sera diffusée dans un second temps, et par la chaîne belge RTL-TVI, cette fiction de huit épisodes créée par les scénaristes Noé Debré et Benjamin Charbit transporte le téléspectateur en 1821 à Los Angeles, alors sous domination espagnole. Devenu maire de la ville vingt ans après avoir remisé Zorro au placard, Don Diego de la Vega (Jean Dujardin), homme naïf dont le mariage vacille, se voit contraint de renfiler son costume de vengeur masqué face à l’avidité d’un homme d’affaires sans scrupules, Don Emmanuel (Éric Elmosnino).
Un rôle créé sur mesure pour Jean Dujardin à l’initiative de son frère, le producteur Marc Dujardin, témoin de longue date des aspirations de son cadet. «Enfant, j’étais Zorro, j’avais moins de budget, mais j’étais Zorro», plaisante l’acteur oscarisé pour The Artist (Michel Hazanavicius, 2011). «Peut-être qu’il a eu envie d’aller au bout de mes masques, au bout de cette planque que j’organise depuis 20 ans dans mes choix», ajoute l’acteur à propos de son frère, évoquant «une espèce de point d’orgue».
«Comédie politique»
À 52 ans, l’acteur révélé sur le petit écran dans Un gars, une fille (1999-2003) estime «plus intéressant» d’incarner un Zorro plus âgé, avec «plus d’aspérité» et en proie à une «lutte intérieure». «C’était le bon moment», ajoute celui qui s’est «amusé à galoper» et «à se battre» lors du tournage en Andalousie, dans la province d’Almeria, où étaient notamment tournés les westerns de Sergio Leone… mais aussi, en 1975, Zorro, de Duccio Tessari, avec Alain Delon dans le rôle titre.
Méprisé par son père (André Dussollier), trompé par sa femme Gabriella (Audrey Dana), tombée sous le charme de… Zorro, son Don Diego détonne avec l’image traditionnelle du justicier inventé en 1919 par l’écrivain américain Johnston McCulley. «Il fallait qu’on trouve un angle» sans «s’égarer dans la parodie» ni le «premier degré», a relaté lors d’une conférence de presse Marc Dujardin. «On a beaucoup réfléchi sur la schizophrénie, le côté populiste du superhéros», et Benjamin Charbit «a trouvé le sujet intime de la série», a ajouté le producteur. «Il y avait l’envie d’en faire (…) une comédie politique» et «un vaudeville d’action», précise pour sa part le scénariste, citant les réalisateurs Ernst Lubitsch, Billy Wilder ou encore Jean-Paul Rappeneau parmi ses influences.
«Carte de visite»
Zorro, qui a déjà fait l’objet d’une autre série cette année, portée par l’Espagnol Miguel Bernardeau (star de la série Elite sur Netflix) et sortie sur Amazon Prime Video, a été incarné moult fois à l’écran, de Douglas Fairbanks à Antonio Banderas. Mais c’est la série de Walt Disney, portée par Guy Williams dans les années 1960, qui a le plus inspiré cette nouvelle adaptation, où Bernardo (Salvatore Ficarra) et le sergent Garcia (Grégory Gadebois) sont toujours de la partie. Son humour décalé et la présence de Jean Dujardin dans le rôle titre ont également déjà suscité des comparaisons avec la franchise OSS 117, rejetées d’emblée par l’acteur. «On n’est absolument pas dans la parodie», insiste celui qui a caricaturé James Bond dans la peau de l’espion Hubert Bonisseur de la Bath.
Première grosse production française estampillée Paramount+ – déjà derrière la série Tout pour Agnès et la téléréalité controversée Frenchie Shore –, Zorro fait office de «carte de visite» pour la plateforme américaine lancée en Europe fin 2022, a affirmé sa responsable du streaming pour l’Europe du Sud, le Moyen-Orient et l’Afrique, Antonella Dominici. La série sera disponible en intégralité demain en France et au Benelux pour tous les abonnés à Paramount+. Elle sortira à l’étranger (Italie, Allemagne, Suisse, Autriche, Royaume-Uni, Amérique latine) dans «quelques mois», selon Antonella Dominici. Elle n’aura a priori pas de deuxième saison, mais ferait «une très belle pièce de théâtre», suggère Jean Dujardin.
Zorro, de Noé Debré et Benjamin Charbit. Demain sur Paramount+.