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[Cinéma] Presque : l’ode aux  amitiés improbables


Réunis pour la première fois à l’écran et à la réalisation, l’acteur Bernard Campan et le philosophe Alexandre Jollien livrent un road-movie sur l’amitié et la quête de soi. Confidences.

Tout est parti d’une envie commune, il y a de ça «plusieurs années», confient les deux comparses. De cette envie est né Presque, le sixième long-métrage de l’ex-membre des Inconnus, trio mythique des années 1990 qui va se reformer prochainement pour un film (voir ci-contre). «On a mis du temps à se lancer dans le projet parce qu’Alexandre voulait prendre le risque de jouer. Et jouer, cela veut dire s’exposer à la critique et au jugement», explique Bernard Campan.

Alexandre, c’est Alexandre Jollien, 46 ans, philosophe suisse et auteur à succès, né infirme moteur cérébral à la suite d’un étranglement par le cordon ombilical dans le ventre de sa mère. Son premier livre, Éloge de la faiblesse, où il raconte son cheminement vers la philosophie et critique la mise au ban des personnes handicapées dans des institutions spécialisées – où il a lui-même vécu de l’âge de 3 à 20 ans –, l’a révélé au grand public.

C’est d’ailleurs lors d’une intervention télévisée que Bernard Campan le découvre et prend contact avec lui. De cette rencontre naîtra leur amitié. En 2007, il collabore au scénario du film La Face cachée, réalisé par l’ex-acteur des Inconnus : «J’étais sur un scénario qui me posait des problèmes et Alexandre m’a aidé. Il m’a tendu la main et ne l’a jamais lâchée», se remémore Bernard Campan.

Dans Presque – son premier rôle au cinéma, donc –, Alexandre Jollien interprète Igor, un quadragénaire handicapé et féru de philosophie. Pour gagner sa vie, il livre des légumes bio à vélo. Mais le destin lui fait croiser la route de Louis (Bernard Campan), un croquemort qui l’embarque dans un voyage de Lausanne vers le sud de la France.

Amitié, mort, handicap, sexe, regard des autres… Le film, bourré de plans-séquences comme pour permettre au spectateur de voyager avec les deux acteurs, s’empare, sans tabous, de sujets durs qu’il traite avec beaucoup d’humour. Une fiction largement inspirée de leur propre histoire : «Quand Alexandre a eu cette idée, à savoir de partir de nous, de ce qui faisait notre amitié, je me suis dit que c’était une évidence. Partir de ce qu’on est pour faire une fiction, c’est juste jubilatoire», détaille Bernard Campan.

«L’amitié, peut-être plus que le couple, c’est une philosophie. C’est un amour inconditionnel et c’est se perfectionner ensemble à tout âge. Un thème parfait pour un film!», s’enthousiasme le philosophe. Pas seulement une ode aux amitiés improbables, le film dénonce aussi une société du jugement permanent, où la différence reste scrutée, parfois moquée, et appelle a faire fi du regard des autres, pour mieux vivre.

«On a voulu faire un pas de côté pour regarder tranquillement, sereinement, les choses et ne pas être dans le conditionnement dans lequel on vit tous, d’avoir tout de suite un avis sur tout. Et ça, ça va à l’encontre de la période dans laquelle on vit», soutient l’ex-acteur des Inconnus. «C’est aussi un film qui parle de la vie intérieure. Si ça peut donner l’envie aux gens de retourner leur regard sur eux-mêmes et sortir des a priori sur les autres, ce sera déjà pas mal», abonde l’écrivain.

Désarmant de naturel à l’écran, Alexandre Jollien confie toutefois que sa première expérience d’acteur n’a pas été de tout repos : «Recevoir des directives, des injonctions, ça a fait remonter des choses de mon enfance… Reste que le fait d’avoir été dirigé par un ami est une expérience incroyable!».

Presque, de Bernard Campan & Alexandre Jollien.

On est parti de ce qu’on est pour faire une fiction

Les Inconnus prêts aux retrouvailles

Les Inconnus prévoient de se retrouver sur grand écran pour la première fois depuis huit ans, a confié Bernard Campan, qui s’est dit «ravi» de retrouver ses «compères», même s’il ne s’agit pas encore d’un vrai retour du trio. Bernard Campan a déclaré que le trio qu’il formait avec Pascal Légitimus et Didier Bourdon était invité «à participer dans un film». Ce n’est «pas un film des Inconnus», a-t-il souligné. «Donc, à cette occasion, le groupe va se reformer (…) Je suis ravi de retrouver mes compères et comparses et amis», a-t-il poursuivi. «On ne dit pas encore le nom du réalisateur qui est en train de terminer le scénario», a indiqué l’humoriste de 63 ans.

Sur RTL, Didier Bourdon était allé plus loin en évoquant un possible retour sur scène, encore très hypothétique. «On a envie de faire quelque chose», avait-il déclaré. «Après, voilà, c’est le timing. Chacun, on a bien sûr nos propositions en solitaire mais, moi je sais que c’est maintenant qu’il faut le faire, je pense surtout sur scène.» «C’est vrai que ça fait peur mais en tout cas c’est dans l’air!», avait poursuivi Didier Bourdon, tout en confiant qu’il en avait parlé avec Pascal mais attendait «l’avis de Bernard».  Le trio s’était retrouvé à l’affiche en 2014 pour son quatrième film, Les Trois Frères, le retour. Des retrouvailles alors célébrées après treize ans de carrière solo. En 1995, leur premier film, Les Trois Frères, avait triomphé avec plus de 7 millions de spectateurs et décroché le César de la meilleure première œuvre.

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