Il nous avait surpris en 2017 avec Monsieur et Madame Adelman, sa première réalisation. Nicolas Bedos récidive avec son deuxième film derrière la caméra, La Belle Époque.
Il y a dans ses films une «folie douce» (titre du téléfilm de Josée Dayan dont il a signé le scénario), une sensibilité exacerbée, des contradictions assumées et des passions inébranlables! Dans Monsieur et Madame Adelman, le réalisateur fonctionnait en flash-back, dans La Belle Époque, il replonge une nouvelle fois dans le passé, mais d’une tout autre manière.
Le film suit le personnage de Victor, sexagénaire désabusé, auteur de BD au succès fuyant, vivant aux crochets de sa femme et devenu en même temps totalement dépassé et misanthrope. Les nouvelles technologies le désintéressent, la politique le débecte, ses enfants l’ennuient et son épouse l’emmerde. Du coup, il s’isole souvent, aussi bien chez lui que chez les autres quand il ne peut éviter une invitation, avec sa musique et ses crayons.
Quand son épouse le met à la porte, il touche le fond. Un vieil ami d’un de ses enfants, qui a créé une entreprise de reconstitution historique à la demande – avec décors, comédiens, accessoires de la période voulue par le client –, lui propose alors, pour lui redonner goût à la vie, de replonger un temps dans la période de son choix. Ce sera les années 70. Plus précisément, le soir et les jours qui suivront sa rencontre avec celle qui deviendra son épouse. Quelques jours plus tard, il revivra ce qui a été les plus beaux jours de sa vie.
Mais attention, contrairement à Vanilla Sky, ici rien de technologique, rien de futuriste, pas non plus d’uchronie, juste du cinéma, du théâtre et un scénariste de génie qui s’agite dans l’ombre, en direct. De nombreuses histoires parallèles viendront compléter le récit principal, dont celui du scénariste, justement, qui vit une histoire passionnelle et compliquée avec l’actrice qui joue la femme de Victor.
Une belle mise en abyme de la part du réalisateur, une déclaration d’amour aussi au cinéma, aux artistes et aux techniciens. Un scénario subtil – entre drame et comédie, ironie et nostalgie –, admirablement mis en scène et porté par un très beau casting (Daniel Auteuil, Guillaume Canet et Doria Tillier).
Pablo Chimienti
La Belle Époque, de Nicolas Bedos. Avec Daniel Auteuil, Guillaume Canet, Doria Tillier, Fanny Ardant.