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[Cinéma] «Mercato» : au coeur du football-business


«Je ne dirais pas que mon personnage est sympa mais, à la fin, je le comprends. Il a sacrifié sa vie de famille et tout donné pour ce sport», développe Jamel. (Photo : mika cotellon)

Avec Mercato, l’humoriste Jamel Debbouze dévoile une part sombre rarement vu chez lui. Un film dans lequel ce passionné de football et ami de «Zizou» dévoile les coulisses du sport-roi, où tous les coups sont permis.

Fini de rire : dans le thriller Mercato, en salles aujourd’hui, Jamel Debbouze remise les vannes au placard et explore son côté obscur en campant un agent de joueurs cynique et manipulateur, pris dans l’engrenage du football-business et prêt à tout pour s’en sortir. «Cette part sombre a toujours été un peu là, mais jamais on n’avait fait appel à autant de complexités chez moi», souligne le comédien-humoriste dans un entretien, conscient de casser son image avec ce «personnage antipathique au premier abord et qu’il faut vraiment creuser pour apprécier».

Devant la caméra nerveuse de Tristan Séguéla (co-réalisateur de la série Tapie diffusée sur Netflix), Jamel Debbouze n’a pas le temps de rire. Agent de joueur à la dérive, son personnage, Driss, a sept jours pour rembourser des mafieux qui l’avaient aidé à boucler un précédent transfert et qui veulent aujourd’hui leur part du gâteau. Pour arriver à ses fins, Driss manipule des joueurs ou la mère d’un jeune prodige du football quand il ne tente pas de séduire les monarchies du Golfe qui, comme dans la vraie vie, ont fait main basse sur de grands clubs européens.

«Jamais dégoûté» du football

Le tout sous l’oeil de son jeune fils (incarné par le jeune Milo Machado-Graner, vu dans Anatomie d’une chute), son unique boussole morale, avec lequel il tente de renouer. «Je ne dirais pas que mon personnage est sympa mais, à la fin, je le comprends. Il a sacrifié sa vie de famille et tout donné pour ce sport. Quand on est passionné à ce point, j’ai envie de dire, la fin justifie les moyens», développe Jamel qui partage avec Driss une même adoration du ballon rond.

Peu importe les arrière-cuisines, les déluges d’argent, le jeu qui ne se renouvelle pas et les controverses qui ont fini par lasser certains fans : à bientôt cinquante ans, Jamel conserve la même fascination pour le football qu’à l’époque où son oncle l’emmenait, gamin, au Parc des Princes. «Je vous jure, moi je fais du théâtre, je joue dans des Zéniths avec des grosses jauges et je passe mon temps à écrire des trucs pour susciter des émotions, mais on n’arrivera jamais à la cheville d’un match de football même si vous me mettez tous les auteurs que vous voulez, Shakespeare, Corneille, Molière ou Louane!», plaisante-t-il.

J’aime davantage le football parce que je le regarde maintenant par le spectre de l’humanité

«Je comprends que ce soit l’opium du peuple», ajoute-t-il, lui qui dit aimer ce sport «plus que tout». Dans le film, son personnage raconte avec passion à son fils un moment de légende de la Ligue des Champions – la reprise de volée victorieuse du gauche de Zinédine Zidane lors de la finale de la compétition en 2002 – et on devine que Jamel n’a pas eu besoin de forcer son jeu. «On ne sera jamais dégoûté de ça!», tranche-t-il.

Navigation «en eaux troubles»

Son réalisateur en convient : «Dans ce milieu, tout le monde navigue en eaux troubles et se tire dans les pattes mais tant qu’il y aura des joueurs qui font se lever tout un stade comme un seul homme, on aura encore un peu de raison de se dire qu’on n’est pas foutus», estime Tristan Séguéla. Mercato ne montre certes pas la face la plus glorieuse du sport-roi mais Jamel Debbouze, qui compte plusieurs footballeurs professionnels parmi ses proches, y voit un appel à ménager les joueurs, encensés aussi rapidement qu’ils sont descendus en flammes.

«Maintenant que j’ai eu la chance de côtoyer des joueurs, ce milieu, et d’avoir fait ce film, j’ai beaucoup plus de sollicitude pour les joueurs. Je les attaque beaucoup moins vite», raconte encore Jamel. «J’aime davantage ce sport parce que je le regarde maintenant aussi par le spectre de l’humanité. Et je me dis qu’il ne faut pas les accabler trop vite. Il y a des choses derrière qu’on ne soupçonne pas».

Mercato,  de Tristan Séguéla.

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