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[Cinéma] Le retour des pestes


(Photo : jojo whilden/paramount pictures)

«Teen movie» par excellence et culte pour beaucoup, Mean Girls revient sur grand écran vingt ans après le succès du premier volet avec Lindsay Lohan. Un remake dans l’air du temps : moins féroce et plus musical.

Dans la famille des remakes des films et séries cultes des années 2000, demandez Mean Girls! La comédie adolescente aux accents féministes, scénarisée par l’humoriste américaine Tina Fey, retrouve en effet les écrans vingt ans après. Cette version 2024 est en réalité une adaptation de la comédie musicale (du même nom) jouée à Broadway entre 2018 et 2020, elle-même fondée sur le film d’origine, dont l’actrice Lindsay Lohan était l’héroïne. Un long métrage qui a également donné naissance à un spin-off en téléfilm, Mean Girls 2, diffusé en 2011 aux États-Unis.

En tout cas, le scénario, lui, ne change jamais véritablement : après avoir grandi en Afrique, une adolescente (interprétée dans cette nouvelle mouture par Angourie Rice) intègre un lycée américain et découvre, bien malgré elle, qu’il y règne la loi de la jungle, particulièrement parmi les autres jeunes filles. Infiltrée dans le groupe des plus populaires, nommé «Les Plastiques» et emmené par la révélation Reneé Rapp, adoptera-t-elle leur comportement ou abolira-t-elle la hiérarchie qui divise les élèves?

«Adaptation» et «réinvention»

Charmed, Sabrina, the Teenage Witch, Gossip Girl, How I met your Mother (devenue depuis How I met your Father)… Depuis une bonne décennie, les remakes de succès des années 1990-2000 se multiplient. Rien de nouveau à Hollywood, où «les adaptations ont toujours existé» pour des raisons économiques principalement, mais aussi technologiques (comme, par exemple, pour le passage du cinéma muet au parlant), rappelle Mehdi Achouche, maître de conférence en cinéma et télévision anglophones à l’université Sorbonne Paris Nord.

«On a beaucoup exploité les années 1980 dernièrement avec la série Stranger Things. Du coup, les producteurs se sont dit : « tiens, on n’a qu’à faire la même chose maintenant avec les années 1990″», poursuit ce dernier. Et de jouer, au passage, sur «l’aspect générationnel», alors que les enfants et adolescents des années 2010-2020 sont élevés par des parents nés dans les années 1980-1990 et ont directement accès aux classiques des décennies précédentes sur internet.

La nostalgie vend toujours bien et Mean Girls devrait engranger entre 50 et 105 millions de recettes aux États-Unis, selon les prévisions de la presse spécialisée américaine. Attention toutefois, face à un public «méfiant» car conscient des enjeux économiques, à «avoir vraiment quelque chose de nouveau à proposer», prévient Mehdi Achouche, qui cite en exemple les différentes adaptations de Batman depuis 2005 et plus récemment la «réinvention» du personnage du Joker.

La vague
des films musicaux

Bonne nouvelle pour le nouveau Mean Girls, au casting beaucoup plus divers et qui intègre, à l’heure de TikTok, l’omniprésence des réseaux sociaux (qui accélèrent et amplifient les rumeurs) : les films musicaux (ou assimilés) ont clairement le vent en poupe (Barbie, Wonka, Hunger Games : The Ballad of Songbirds and Snakes, sortis en 2023, ou encore Joker 2 attendu cette année). À l’écran, cette volonté de coller à l’époque s’observe également à travers plusieurs détails : les vieux portables à clapet ont été remplacés par des smartphones et les blagues un peu trop limites remisées au placard.

Et c’est sûrement là que le bât blesse : à trop vouloir arrondir les angles et à étouffer le tout en musique, Mean Girls 2024 perd la férocité et la méchanceté de ses origines. «Teen movie» culte chez les trentenaires et les quadragénaires aux États-Unis (et un peu en Europe aussi), cette nouvelle version se veut certes plus inclusive, plus féministe et plus colorée, mais les propos restent en surface alors qu’une prise de risque aurait été nécessaire (surtout depuis les questions soulevées par le mouvement #MeToo). Aseptisé comme beaucoup d’autres avant lui, le film ne propose finalement pas grand-chose d’autre que la célébration de son propre mythe. C’est même en cela que l’on reconnaît un vrai remake.

Mean Girlsde Samantha Jayne  & Arturo Perez Jr.

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