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[Cinéma] «Insidious» face à ses démons


Pour ses débuts en tant que réalisateur, Patrick Wilson dit avoir beaucoup appris de James Wan, qui le fit notamment tourner dans les deux premiers "Insidious". (photo Boris Martin/Sony Pictures)

Cinquième volet de la saga d’épouvante, mais premier depuis dix ans à profiter de son casting d’origine, Insidious : The Red Door voit aussi son acteur Patrick Wilson faire ses débuts derrière la caméra.

Avec Insidious (2010), James Wan, petit prince de l’horreur «low budget», tenait là son chef-d’œuvre : une variation sur le motif de la maison hantée, biberonnée à l’œuvre de Stephen King et à Poltergeist (Tobe Hooper, 1982), avec un second degré qui trouve son contrepoint parfait dans une tension horrifique maîtrisée de bout en bout, et des images terrifiantes qui s’impriment sur la rétine.

On y rencontrait la famille Lambert, dont le fils, Dalton (Ty Simpkins), était devenu la cible d’un esprit malveillant après être tombé dans un coma. Il y était question d’expérience hors du corps («Ce n’est pas la maison qui est hantée… c’est votre fils»), dans un dernier tiers visuellement fabuleux qui voyait le père, Josh (Patrick Wilson), faire l’expérience du voyage astral afin de sauver son fils… et revenir du Lointain, purgatoire où errent les esprits intranquilles, possédé à son tour.

Au sommet de son art, James Wan s’est même surpassé avec Insidious : Chapter 2 (2013), qui transforme le personnage principal en antagoniste terrorisant sa propre famille. Avec son coscénariste de choix, Leigh Whannell, Wan réinventait là son propre univers, en se fendant d’allers-retours dans le temps et l’espace de façon originale, et en perfectionnant sa représentation de l’au-delà par le mélange des influences de l’expressionnisme allemand et du giallo.

Succombant ensuite à la tentation du box-office, la franchise s’est perdue dans des histoires annexes, le temps d’un troisième puis d’un quatrième volets, aussi faibles l’un que l’autre. James Wan a entretemps quitté le navire, se contentant d’un crédit de producteur, tandis que Leigh Whannell a gardé son poste de scénariste et d’acteur (dans un second rôle, il incarnait un chasseur de fantômes quelque peu risible). Idem pour le compositeur, Joseph Bishara, dont les violons stridents et les ambiances étranges participent brillamment à la marque de fabrique de la saga.

Je veux que notre public retrouve un film « Insidious » dans sa plus grande tradition, mais je voulais aussi aller plus loin

Tout pourrait alors changer avec ce cinquième chapitre, qui réunit pour la première fois depuis Insidious : Chapter 2 la distribution d’origine. L’initiative vient de nul autre que Patrick Wilson, l’interprète de Josh Lambert et «muse» de James Wan (ils ont tourné six films ensemble), qui fait ses débuts de réalisateur avec Insidious : The Red Door, alors qu’il vient de fêter ses 50 ans. Et s’il est devenu une figure culte du cinéma d’épouvante, il garde les pieds sur terre : «Que puis-je dire ? J’ai reçu un excellent scénario et eu un très bon environnement de travail, ainsi que l’aide précieuse de beaucoup de monde», affirme-t-il. Ce qui ne l’empêche pas d’être ambitieux : «Je veux que notre public retrouve un film Insidious dans sa plus grande tradition, mais je voulais aussi aller plus loin. Je désirais offrir quelque chose de nouveau.»

 

Dans ce nouveau chapitre, on retrouve les Lambert dix ans après les évènements du deuxième film, à la fin duquel Josh et Dalton effaçaient leurs souvenirs pour ne plus être habités par les démons. Aujourd’hui, le fils Lambert entre à l’université, où il étudie les arts plastiques. Les dessins de Dalton enfant étaient un élément terrifiant des premiers films ; c’est son art, cette fois, qui ravivera la mémoire inconsciente de sa possession passée. Pour mettre un terme à cette présence démoniaque une bonne fois pour toutes, Josh et Dalton devront retourner ensemble dans le Lointain.

Pour ce film plus sombre que les précédents opus, qui se focalise sur les relations familiales, Patrick Wilson a convaincu seul le casting d’origine de revenir, y compris l’actrice britannique Rose Byrne, qui joue son épouse à l’écran. «C’est une progression naturelle, que (Patrick) ait voulu continuer cette histoire. Il a travaillé si dur sur le scénario, et pendant longtemps», témoigne celle qui a répondu positivement à l’acteur-réalisateur dès 2019, alors que le projet était dans une phase avancée de développement. Lin Shaye, qui joue la médium Elise Rainier, personnage iconique de la saga, parle de Wilson comme d’un réalisateur «fabuleux», «très intelligent, très réfléchi (et) très rapide». Il a «appris du meilleur», complète Rose Byrne.

Mais le réalisateur débutant se défend de faire du James Wan : «Je n’étais pas du genre à le suivre partout (…) Je vois comme il est efficace avec la caméra, avec les acteurs, avec la tension (…) Mais plus que ça, j’ai été marqué par quelque chose qu’il m’a glissé avant le tournage. Il m’a simplement dit : « Fais de ce film le tien. »» Au-delà de l’assurance de voir revenir le fameux démon rouge qui apparaissait dans un plan inoubliable du premier film, Insidious : The Red Door promet donc bien des surprises… et autant de frissons.

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