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[Cinéma] « Get Out », un racisme qui ne dit pas son nom


Avec Get Out , flottent les craintes et peurs d'une Amérique qui s'est donnée pour président Donald Trump, et le spectre du Ku Klux Klan.

Dans Get Out, premier film de l’Américain Jordan Peele, un couple mixte plonge entre thriller et «horrific». Un long métrage aussi oppressant qu’indispensable.

Voici un film phénomène. Sorti il y a deux mois aux États-Unis, il a fait exploser la banque  : un budget tout mini (4,6  millions de dollars), et un box-office tout fou avec 190  millions de dollars entrés dans les tiroirs-caisses! Des sommes encore plus impressionnantes que The Blair Witch Project , jusqu’alors modèle du genre. C’est Get Out (ce qui peut être traduit en français par «Tire-toi»), le premier film de Jordan Peele.

Afro-américain, il est initialement humoriste, connu pour être l’un des deux membres du duo d’humoristes de la série télévisée comique à sketchs Key and Peele . Avec Get Out , il devient le premier réalisateur à dépasser les 100  millions de dollars au box-office pour un premier film.

Attention! Qu’on ne s’y méprenne pas… Le film de Jordan Peele vaut autrement mieux que par les seuls critères financiers. C’est vrai, à la vue de l’affiche, on aurait pu craindre une version 2017 de Guess Who’s Coming to Dinner , film de Stanley Kramer sorti en 1967 avec Spencer Tracy, Sydney Poitier et Katharine Hepburn. Il n’en est rien –  parce que Jordan Peele a décidé de mêler thriller et «horrific» pour montrer un racisme qui ne dit pas son nom.

« Quand Obama était président, il y avait cette impression dans le pays que l’on ne voulait pas parler du racisme , explique Jordan Peele. C’était comme si on se disait  : « Oh, il y a un président noir, donc il n’y a plus de racisme. » Ce film est là pour montrer que même si certaines choses ont l’air agréables en surface, il y a un monstre en dessous. »

Les craintes et peurs de l’Amérique

On a donc un couple mixte, lui photographe afro-américain à la renommée naissante, elle blanche. Chris et Rose filent le parfait amour. Le couple pense le moment venu de rencontrer la famille de Rose, dont les père et mère, Dean et Missy, vivent dans un domaine du nord de l’État. Lors du voyage, Chris reproche à Missy de ne pas avoir dit à ses parents qu’il est noir. Et dès le début du séjour, le photographe pense que l’atmosphère est lourde et étrange à cause de leur différence de couleur de peau.

Mais surgissent des incidents étranges, inquiétants. Il va découvrir l’inimaginable. Revendiquant l’influence de Night of the Living Dead (1970) de George A. Romero, Jordan Peele a confié avoir eu l’idée de Get Out en voyant l’acteur-humoriste Eddie Murphy lançant dans un stand-up qu’il s’apprêtait à rencontrer les parents de sa petite amie blanche. Et d’ajouter  : « Lorsque je parle de relations interraciales, ça me ramène à un domaine que je connais bien  : l’humour. C’est un film qui reflète certaines de mes peurs, et certains problèmes auxquels j’ai été confronté. »

Avec Get Out , flottent les craintes et peurs d’une Amérique qui s’est donnée pour président Donald Trump, et le spectre du Ku Klux Klan. Aidé par des acteurs brillants comme Daniel Kaluuya, Allison Williams ou encore Catherine Keener, Jordan Peele signe un film oppressant, implacable. Indispensable.

Serge Bressan

Get Out, de Jordan Peele (États-Unis, 1 h 44) avec Daniel Kaluuya, Allison Williams, Catherine Keener…

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