Malgré la fin de la saison qui approche, dans les prés et les sous-bois, des passionnés partent encore en quête de champignons. Une activité bucolique qui présente quelques dangers et nécessite de faire appel à un expert avant de consommer sa cueillette.
L’automne venu, nombreux sont les mycologues amateurs ou confirmés à se rendre en forêt en quête de la perle rare. Cette année, depuis le mois de juillet, le ministère de la Santé a relevé 1179 cas d’intoxication en France. Un chiffre inquiétant qui a conduit les institutions à rappeler des règles à observer pour éviter le pire. Parmi lesquelles faire identifier sa récolte par un spécialiste : mycologues, sociétés mycologiques ou encore pharmaciens.
Pour ces professionnels de la santé, recevoir le cueilleur de champignons amateur et son panier afin de lui dispenser aide et conseils relève de leur formation même.
À la faculté de pharmacie de Nancy comme ailleurs, un module spécifique lié à la mycologie est intégré au cursus, mélangeant cours théoriques et pratiques.
« Lors de l’examen final, le candidat devait identifier les champignons non-comestibles d’un panier. En cas d’erreur, c’était l’élimination pure et simple », se rappelle le préparateur d’une pharmacie du secteur de Bouzonville qui a suivi une formation spéciale en mycologie.
Pour Jean-Yves Charbier, président de l’Amyphar (Association des mycologues pharmaciens), le niveau a beaucoup évolué. « Aujourd’hui, un étudiant pharmacien est beaucoup mieux formé qu’il y a quelques années, surtout à Nancy où nous avons, selon moi, l’un des meilleurs centres de formation. Au sortir de celle-ci, même celui qui n’aime pas ça, il s’y connaît en champignons.»
D’ailleurs, Marie-Paule Sauder, responsable de la formation mycologie officinale et de terrain à la faculté de pharmacie de Nancy, l’explique : « Contrairement à certaines facultés de France, les étudiants formés chez nous ont des cours de la deuxième à la sixième année.»
Charge ensuite aux nouveaux pharmaciens de maintenir leurs connaissances à jour en effectuant des sorties sur le terrain. « Nous en organisons régulièrement pour les membres de notre association », ajoute Jean-Yves Charbier.
En cas de doute ne pas se risquer
Néanmoins, pour celles et ceux qui se rendent en pharmacie, il faut savoir que la tâche requiert du temps et ne saurait se faire sur un coin de table.
« Si on vient me voir lorsque l’officine est pleine, il sera difficile de pouvoir répondre aux questions ou d’identifier efficacement un champignon. Et lorsqu’on n’est pas sûr, il ne faut jamais se risquer. Je préfère que le client revienne me voir en fin de journée, lorsque c’est plus calme, afin de prendre le temps de faire ça sérieusement et de pouvoir discuter », raconte un pharmacien du Bouzonvillois.
D’ailleurs, le praticien est formel, en cas de doute, il faut jeter. « Si on ne sait pas, il faut aussi savoir l’admettre et, dans le doute, il faut toujours jeter un champignon.»
Certains d’ailleurs peuvent refuser tout simplement de prendre le risque d’une erreur et renvoyer vers un autre confrère dont les connaissances sont plus à jour.
Dernier constat, si de nombreux pharmaciens restent prêts à répondre aux questions, les demandes semblent, en revanche, se faire de plus en plus rares. « Si on en a deux ou trois par saison, c’est énorme », raconte un préparateur.
Une diminution qui s’accompagne, ces dernières années, d’une augmentation des intoxications à la suite à l’ingestion de champignons dangereux. Preuve qu’il vaut toujours mieux faire appel à un expert avant de ramener son panier en cuisine.
Si, sur son site internet, le Ministère de la santé rappelle les nombreuses précautions à observer lors d’une sortie en forêt, il est aussi nécessaire pour le mycologue amateur d’être formé. A cette fin, il est possible de se rapprocher de la Société lorraine de mycologie (SLM) qui organise un cours gratuit sur deux ans à l’attention des particuliers. « Nous allons recommencer un nouveau cycle ce mercredi à la faculté de pharmacie de Nancy. Nous y aborderons les caractéristiques organoleptiques -le toucher, l’odeur- des champignons », détaille Marie-Paule Sauder, présidente de la SLM.
Les informations concernant les cours sont à retrouver sur : http://societelorrainedemycologie.wifeo.com/cours-public.php