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Bruno Mars, roi de Grammy Awards très politiques


Le showman de 32 ans au style flamboyant est reparti avec six récompenses, record de la soirée. (photo AFP)

Le chanteur américain Bruno Mars a récolté trois des quatre trophées majeurs de la cérémonie des Grammy Awards à New York, coiffant sur le poteau le rappeur Kendrick Lamar, au terme d’une soirée très politique.

Couronné dans les catégories reines d’album de l’année pour 24K Magic, enregistrement de l’année pour le morceau-titre de l’album et chanson de l’année pour That’s What I Like, le showman de 32 ans au style flamboyant est reparti avec six récompenses, record de la soirée. En recevant le titre d’album de l’année, dernier prix de la cérémonie, Peter Hernandez, de son vrai nom, a remercié les autres artistes sélectionnés dans la catégorie dont Kendrick Lamar et Jay-Z.

Un nouveau camouflet pour le hip-hop qui n’a remporté que deux fois le prix d’album de l’année, la dernière voilà 15 ans. Pour Jay-Z, la soirée a tourné au cauchemar, avec aucune victoire malgré huit nominations. A 48 ans, ce vétéran du hip-hop, déjà primé 21 fois aux Grammys, a été devancé dans trois catégories majeures par Bruno Mars et dans trois sous-catégories rap par Kendrick Lamar reparti avec cinq statuettes dorées en forme de gramophone. Le rappeur californien réalise son deuxième grand chelem dans les quatre catégories rap, plus la meilleure vidéo pour Humble. Il a aussi ouvert la retransmission télévisée avec une performance coup de poing, offrant au public enthousiaste une interprétation de XXX, avec Bono (U2) et des figurants en tenue camouflage et cagoule noire. XXX est un des titres les plus engagés de son album DAMN. qui évoque les meurtres de noirs aux États-Unis. Lamar a conclu sa prestation entouré de figurants qui semblaient recevoir des coups de feu et s’écrouler.

Alors que l’industrie du disque avait semblé assez détachée des enjeux du moment, la cérémonie a fait feu de tout bois et multiplié les interventions politiques, reprenant la main à Hollywood qui avait amorcé le mouvement.

Charges contre Trump

De nombreux invités, de Lady Gaga à Sting, en passant par Khalid ou Cindy Lauper, étaient arrivés en arborant des roses blanches en écho aux mouvements #MeToo et Time’s Up à Hollywood, à l’appel tardif d’un groupe de musiciennes. Sur scène, Lady Gaga a rendu hommage à Time’s Up, contre le harcèlement sexuel et pour l’égalité hommes-femmes, suivie de la chanteuse et actrice Janelle Monae lors d’un vibrant monologue. « A ceux qui voudraient essayer de nous faire taire, nous offrons deux mots : c’est fini. Fini les inégalités de rémunérations, la discrimination, le harcèlement sous toutes ses formes, et les abus de pouvoir », a déclaré la chanteuse en présentant une prestation de Kesha laquelle, avec sa chanson Praying, a rappelé sa bataille contre un producteur qu’elle accuse de l’avoir violée.

Immédiatement derrière, une autre chanteuse, Camila Cabello, elle-même venue jeune de Cuba avec ses parents, a rendu hommage aux « Dreamers », les bénéficiaires d’un programme permettant à des immigrés arrivés enfants clandestinement aux États-Unis de travailler et d’étudier légalement. Ce programme a été supprimé par le président Donald Trump qui a pressé le Congrès de le remplacer mais les parlementaires sont pour l’instant dans l’impasse.

Autre salve, le présentateur de la retransmission, James Corden, a fait lire à des chanteurs mais aussi Hillary Clinton des passages du livre polémique Fire and Fury, qui brosse un tableau apocalyptique de la première année de Trump à la Maison Blanche.

Donald Trump Jr, fils du président, et l’ambassadrice américaine aux Nations unies Nikki Haley s’en sont émus sur Twitter : « Ne gâchez pas la bonne musique », a écrit Nikki Haley, tandis que Donald Trump Jr ironisait sur « la grande consolation » ainsi trouvée par Hillary Clinton après son échec à la présidentielle de 2016.

Le rappeur Logic, qui interprétait son titre 1-800-273-8255 pour la prévention du suicide, a conclu les prestations scéniques avec un nouveau message tourné vers les autres pays du monde, « nourris de culture, de diversité et de milliers d’années d’histoire ». Une allusion directe à la politique migratoire du président Trump et ses récents propos polémiques sur les « pays de merde », qu’il conteste avoir tenus.

En début de soirée, la Canadienne Alessia Cara avait créé la surprise en remportant le premier des quatre trophées majeurs, celui de Révélation de l’année. Elle a appelé à soutenir « la vraie musique et les vrais artistes, car tout le monde doit avoir les mêmes chances ». Outre Jay-Z, l’autre grand perdant de la soirée a été Despacito, méga-hit de 2017. Nommé dans trois catégories, il est reparti bredouille.

Le Quotidien/AFP