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Le blues pleure B. B. King


B. B. King avait joué avec les plus grands. (Photo AFP)

Le guitariste américain B.B. King, légende du blues qui a inspiré de nombreux musiciens, s’est éteint à l’âge de 89 ans, a annoncé sa fille vendredi à CNN.

B.B. King avait été hospitalisé au début du mois à Las Vegas à la suite de problèmes de déshydratation, selon sa fille Patty King. D’après les médias américains, « le roi du blues » est décédé jeudi soir à Las Vegas. B.B. King, de son vrai nom Riley B. King, était considéré comme l’un des plus grands guitaristes de tous les temps.

Avec plus de cinquante albums à son actif, il est notamment célèbre pour des tubes devenus des classiques comme Three O’Clock Blues, The Thrill has Gone ou Rock me baby.

Depuis quelques mois, il souffrait de graves problèmes de santé récemment. Diabétique, il avait été pris d’un malaise en octobre pendant un concert pour cause d’épuisement et de déshydratation, ce qui avait entraîné l’annulation du reste de sa tournée.

Par son sens du spectacle, les plus de 300 concerts annuels qu’ils a donnés pendant des décennies et son art du solo de guitare, il est peut-être le bluesman qui a eu le plus d’influence sur le rock. Une référence pour Eric Clapton, il avait aussi accompagné sur la route les Rolling Stones en 1969 puis U2 vingt ans plus tard, réussissant à transmettre le blues à toutes les générations.

S’il souffrait de diabète chronique et d’une faiblesse aux genoux qui l’obligeait à jouer assis, B.B. King assurait en plaisantant, dans un entretien accordé en 2007 à l’AFP, que sa « maladie » la plus importante se nommait « j’en veux encore! », promettant de jouer encore et encore « jusqu’à la mort ».

L’enfance de Riley Ben King, né le 16 septembre 1925 à Itta Bena, près d’Indianola (Mississipi), ressemble à celle de milliers d’enfants noirs, travailleurs agricoles dans les grandes plantations de coton du « mid south » ségrégationniste.

Mais le jeune King, orphelin, a la chance à l’adolescence d’être pris sous l’aile protectrice de Bukka White, son cousin. Ce guitariste aveugle possédant une sérieuse réputation dans la région, va jouer un rôle essentiel dans son éducation musicale: il l’initie à la guitare et lui fait découvrir la grande ville, Memphis, où il réside à partir de 1947.

Le futur B.B. King y côtoie Sonny Boy Williamson (Rice Miller), Robert Lockwood Jr, Bobby « Blue » Bland, se produit régulièrement à Beale Street – où il a ensuite possédé un club à son nom -, le « Broadway » de la musique noire aux Etats-Unis.

Sa carrière prend un nouveau tour en 1949 lorsqu’il est embauché comme DJ dans une radio et y gagne son surnom « Blues Boy » (B.B.).

Ike Turner, à cette époque détecteur de talents, le met sur les rails du succès: le jeune B.B. King décroche avec « Three O’Clock Blues » son premier « hit » en 1951 et abandonne la radio pour partir sur les routes avec sa guitare.

La suite? Tourner toujours, avec un blues sophistiqué et authentique, à la tête d’un grand orchestre dans la lignée de T-Bone Walker.

La légende est en marche: succès régional dans les années 50, national avec des titres comme « Sweet Sixteen » (1960) et des prestations au festival de Newport entre 1968 et 1975, de Monterey en 1967 où il partage l’affiche avec Jimi Hendrix et Otis Redding, international avec une première apparition en Europe en 1968 et au Japon en 1971.

Son style de guitare, racé et expressif, sa manière de chanter issue du gospel, ont influencé les plus grands, d’Eric Clapton à George Harrison. En 1989, sa musique touche un public plus jeune quand il ouvre la route pour U2, qui cherche à ressourcer sa musique aux Etats-Unis.

Avec l’âge et sa santé déclinante, il réduit évidemment le nombre de concerts annuels mais continuait à en donner une centaine par an à plus de 80 ans, même si, courant 2014, certaines prestations lui valent des mauvaises critiques. Début octobre 2014, il avait dû écourter une tournée américaine en annulant huit dates en raison de son état de fatigue.

Malgré les paillettes, les casinos de Las Vegas, cet homme humble n’a jamais oublié ses origines. Le soir de l’assassinat de Martin Luther King, en avril 1968, il improvise un concert avec son disciple Buddy Guy et Jimi Hendrix. Au début des années 1970, il a aussi donné une série de concerts dans les prisons et a fondé en mars 1972 avec un avocat une association en faveur des détenus.

Au delà de ses qualités musicales, B.B. King, décoré en 2006 de la « médaille présidentielle de la liberté », la plus haute distinction civile des Etats-Unis, a toujours voulu imposer une image positive du bluesman, loin de la drogue, de l’alcool et de la violence des ghettos.

Avec lui s’éteint la lignée de King qui ont illuminé le blues, Albert (mort en 1992), Freddie (mort en 1976) et Earl (mort en 2003), tous guitaristes.

 

 

 

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