Dans Bonjour, on est un tsunami, Baptiste Toulemonde conte, seul sur scène, mais avec ferveur et sensibilité, l’histoire d’un quatuor adolescent, dont les personnages ont décidé de prendre leur envol.
Pour la première fois au Grand-Duché, la compagnie Renards monte sur les planches des Rotondes, aujourd’hui, pour deux représentations de leur dernier spectacle Bonjour, on est un tsunami, lauréat du prix de la ministre de la Jeunesse aux rencontres de Huy en 2014. Baptiste Toulemonde, seul interprète du spectacle, a accepté de répondre à nos questions sur cette aventure extraordinaire.
Vous avez créé la compagnie Renards avec Arthur Oudar alors que vous étiez encore étudiants. Quelle est l’histoire de votre rencontre et de cette vocation?
Baptiste Toulemonde : Vocation, je ne sais pas, mais en tout cas on avait vraiment envie de créer une compagnie tous les deux. Avec Arthur, on est des potes d’enfance, on s’est rencontrés au lycée et on ne s’est plus quittés. On a créé la compagnie alors que nous étions étudiants à l’Insas (Institut national supérieur des arts du spectacle) à Bruxelles. On a souvent parlé ou rêvé du premier spectacle que nous allions faire ensemble et on a écrit Les Pitoyables Aventures de Tom Pouce, qu’il a présenté pour son master et tout s’est enchaîné. On a reçu la mention spéciale du jury des Rencontres de Huy pour l’inventivité du spectacle en 2012 et aujourd’hui, on l’a joué plus de 160 fois!
Votre seconde création, que vous présentez aux Rotondes, Bonjour, on est un tsunami, nous transporte dans un tout autre univers, s’adressant non pas aux enfants mais aux adolescents et aux adultes. Pourquoi avoir changé de cap et comment s’est construit ce nouveau projet?
À vrai dire, ce n’est pas une rupture mais une continuité. Tom Pouce est déjà en quelque sorte un road trip, donc on a continué dans cette idée qui nous plaisait beaucoup. Arthur avait très envie d’écrire sur une expérience que nous avons vécue ensemble à partir de nos 18 ans. Durant quatre étés successifs, nous sommes partis à quatre en 2 CV pour des voyages qui nous marqueront toute notre vie. Ce spectacle, c’est notre histoire, mais ça ne pouvait marcher qu’à une seule condition : le rendre universel. Arthur s’est enfermé pendant deux mois pour écrire, il a réquisitionné tous nos carnets de voyages que nous avions réalisés durant notre aventure. On a fait les premiers essais au mois de mars 2012 et nous étions convaincus que ce voyage était universel.
Vous êtes seul en scène durant tout le spectacle, campant vos positions mais aussi celles de trois compères, accompagné de votre 2 CV d’époque. Pourquoi avoir fait un choix aussi radical?
C’est une chose qui a été définie dès le départ, inspirée par un conteur du nord de la France, Rachid Bouali, qui développe un théâtre de récit. Notre spectacle est en réalité un monologue polyphonique, puisque plusieurs voix sont présentes. Pour moi, c’est un travail très rigoureux et très dur, que certains qualifient de virtuose mais cela m’apporte une liberté incomparable à d’autres formes de narration.
Vous partez en tournée pour plus de 40 dates avec ce dernier spectacle et vous êtes également en cours de création d’un troisième pour les plus jeunes, Boris et les sœurs Sushis. Qu’est-ce qui vous pousse vers le théâtre jeune public?
Parce qu’on est jeunes nous-mêmes! (NDLR : Arthur Oudar et Baptiste Toulemonde ont tous les deux 28 ans). Je pense que c’est un univers qui nous permet beaucoup de liberté et de créativité dans les genres et les formes théâtrales. Mais beaucoup plus que ça, j’aime avant tout proposer des choses et le public enfants-adultes ou adolescents-adultes permet d’ouvrir un dialogue entre générations, de dénouer des discussions, de verbaliser des craintes et pourquoi pas de changer la relation que l’un a avec l’autre. On a envie de donner envie!
Alors quoi de mieux que le jeune public, bien que les spectacles jeune public s’adressent toujours également aux adultes, convoquant leurs souvenirs et leurs expériences passées. Avec notre dernier spectacle, nous voulons donner envie aux jeunes de voyager, pas forcément au bout du monde mais avec les bonnes personnes, ça change la manière de voir le monde pour toujours. J’adore cette phrase de notre spectacle qui résume bien les choses : « On ne sait pas où on va, mais on s’en fout, on y va. »
Entretien avec notre collaboratrice Mylène Carrière