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[Bande dessinée] L’improbable destin de Rintaro


(Photo : afp)

À 83 ans, Rintaro, réalisateur d’Albator ou encore Metropolis, s’accommode de son statut de «père» de l’animation japonaise, discipline embrassée «par hasard» il y a plus de 60 ans, qu’il raconte aujourd’hui en BD.

Sa passion? Le cinéma. Là où il a fait carrière? L’animation. Rintaro – Shigeyuki Hayashi, de son vrai nom – a donc voulu raconter l’histoire d’un malentendu au dénouement heureux. Ce malentendu, c’est sa vie, qu’il livre au public sous la forme d’une bande dessinée, parue fin janvier chez Kana Dargaud. Ma vie en 24 images par seconde est, là encore, un exercice contrarié : «Le projet initial était de faire un film», confie cet homme énergique au regard pétillant. Un long métrage pas seulement sur sa vie mais aussi, et peut-être surtout, sur l’histoire de l’animation japonaise, aujourd’hui incontournable.

Car il y a bien eu un avant les phénomènes One Piece ou Naruto. Cet avant prend les noms d’Astro Boy, du Roi Léo – dont l’histoire a vraisemblablement inspiré le Lion King de Disney – ou encore de la série au retentissement planétaire Albator, qui a fait de Rintaro une star. Composée d’une quarantaine d’épisodes, elle a bercé plusieurs générations d’enfants. Ancrée au XXXe siècle, elle raconte l’histoire d’une humanité menacée par une race extraterrestre, les Sylvidres. Le seul à prendre au sérieux l’ampleur de la menace n’est autre que le capitaine Albator.

Naissance de l’animation

Rintaro a fait ses débuts de réalisateur au sein du studio Mushi, lancé par le «maître du manga», Osamu Tezuka (1928-1989). C’est là qu’il adapte les séries Astro Boy et Le Roi Léo. Le succès est immédiat. Mieux : c’est la naissance de l’animation au Japon. Un genre indissociable d’un autre produit phare de la culture nippone, le manga. «C’est parce qu’il y a des mangas à la base qu’il y a des séries et des films d’animation», souligne Rintaro. D’emblée, «l’animation est pensée comme un débouché du manga», insiste-t-il.

Grâce à ses productions au studio Mushi, il se fait un nom. En 1979, il dirige son premier long métrage, Galaxy Express 999, également tiré d’un manga. Vingt-deux ans plus tard, son film Metropolis – encore une adaptation de Tezuka, dont l’univers et le titre sont inspirés du célèbre film de Fritz Lang – est un aboutissement pour cet homme qui rêve de cinéma et qui s’est retrouvé dans l’animation «par hasard». «Quand j’ai terminé Metropolis, j’ai eu l’impression d’avoir accompli ma mission. J’aurais pu m’arrêter là et fermer boutique», assure-t-il. Un aboutissement, car Rintaro dit avoir «compris, en partie du moins, ce que le cinéma voulait dire». Sa relation artistique avec Osamu Tezuka se poursuivra avec une série réalisée par Rintaro sur l’œuvre de son mentor.

«Pas de mon fait»

Sa quête passe d’ailleurs aujourd’hui par la réalisation de films sur des figures du 7e art nippon. Il y a moins d’un an, il réalisait un court métrage en hommage au cinéaste Sadao Yamanaka (1909-1938). Mais le nom de Rintaro est, et restera, associé à celui de l’animation, dont il est considéré comme un des pères fondateurs. «Si je suis considéré comme un père de l’animation japonaise, ce n’est absolument pas de mon fait… mais ça me va!», dit-il avec malice. Et d’ajouter, sans ressentiment : «Les opportunités, elles étaient dans l’animation pour moi. Pas ailleurs.»

À ce titre, quel regard porte-t-il sur l’évolution de la discipline, aujourd’hui indissociable de l’univers du jeu vidéo? «La société japonaise, dans son ensemble, est très influencée par les jeux vidéo. Ça ne se limite pas à l’animation», remarque-t-il. «Pour moi, le cinéma reflète l’actualité de l’époque et celle dans laquelle nous vivons est dominée par la technologie et les jeux vidéo. Je n’ai pas d’avis au-delà de cette observation.»

Âgé de 83 ans, Rintaro refuse de dire si sa nouvelle bande dessinée autobiographique sera sa dernière œuvre. «Mon plus grand but, là maintenant, c’est de gagner suffisamment d’argent pour pouvoir acheter un espace au cimetière du Montparnasse (NDLR : à Paris). Il paraît que c’est très cher, vous savez», s’amuse-t-il.

Ma vie en 24 images par seconde, de Rintaro. Kana Dargaud.

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