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Au Kosovo, un festival et un cri du cœur : «God Save Dua Lipa»


Le festival s'est achevé dimanche. (photo AFP)

La Britannique, dont la famille vient des Balkans, est l’une des stars qui comptent dans le monde de la pop. Un statut qui lui permet d’organiser à Pristina un festival qui veut briser les clichés sur son pays d’origine. Ambiance.

Shorts en jean, paillettes, selfies et… Dua Lipa. Cela pourrait être la foule à Coachella ou Glastonbury. Mais de jeudi à dimanche, c’est à Pristina que des milliers de festivaliers ont dansé, investissant la capitale d’un Kosovo plus connu pour la guerre que pour ses soirées. En 2018, alors au début de sa gloire planétaire, Dua Lipa décide, avec sa famille, de créer un festival à Pristina. Pour cette première édition, la pop star fait le show – tout comme son père, célèbre dans les Balkans avec son groupe.

Six ans et quelques éditions perturbées par le covid plus tard, plusieurs dizaines de milliers de personnes convergent vers le festival Sunny Hill pour faire la fête – et avec l’espoir d’apercevoir celle qui a depuis vendu plus de 25 millions d’albums – pour la remercier. «Je suis tellement heureuse qu’elle mette en lumière notre pays avec de si grands artistes, qu’elle les fasse venir dans notre pays. Ça veut dire que le monde peut voir le Kosovo pour son originalité», sourit Rita Ramadani, âgée de 19 ans.

Un festival ambitieux

Comme elle, une bonne partie du public est né après la guerre, après l’indépendance. Mais malgré cette jeunesse fière de son pays, c’est toujours le conflit de 1999 avec la Serbie, qui a fait des milliers de morts et marqué le début de l’indépendance, qui définit le plus souvent le Kosovo. Parmi les artistes, plusieurs n’avaient d’ailleurs jamais mis un pied à Pristina. Sunny Hill – qui ambitionne, selon le père de Dua Lipa, de devenir l’un des principaux festivals européens d’ici cinq ans – aligne un line up qui n’a pas à rougir face à des festivals plus implantés.

Pour l’ouverture, Bebe Rexha, d’origine albanaise, a électrisé la foule en reprenant notamment son tube planétaire Me, Myself and I (plus d’un milliard de streams depuis sa sortie), mais surtout en s’adressant en albanais aux milliers de festivaliers. Les drapeaux du Kosovo et de l’Albanie sont brandis sur scène et des festivaliers dans le public font régulièrement le signe de l’aigle avec leurs mains dont les pouces se croisent pour esquisser la silhouette de ce symbole des Albanais.

Burna Boy fait le show

«C’est important, et c’est beau. On est si heureux que des gens du monde entier entendent parler du Kosovo, et de Sunny Hill. Grâce à Dua Lipa. Merci à elle de faire ça pour nous», explique une certaine Nita, festivalière. C’est en espérant la voir – bien qu’elle ne soit pas officiellement censée chanter –, qu’Andrew, Mickael et André sont venus spécialement de Bruxelles, organisant leur été autour de ces quelques jours au Kosovo. «Nous sommes là pour cet incroyable festival, dans ce pays incroyable, plein de jeunes, vivant. On est très excités d’être là», expliquent-ils, enthousiastes.

Surtout que le lieu du festival (un grand terrain à quelques kilomètres du centre) a été repensé. Les précédentes éditions avaient en effet été organisées dans un parc plus central, mais les festivaliers commençaient à y être à l’étroit. Vendredi, malgré un problème technique et une interruption d’une vingtaine de minutes, c’est Burna Boy, le roi de l’afrobeat aux millions d’albums vendus, qui a fait le show. Devant plusieurs dizaines de milliers de festivaliers – leur nombre exact n’a pas été communiqué – et Dua Lipa, admirant comme la veille le spectacle depuis les tribunes VIP.

La mairie en soutien

«Les premières années, c’était difficile d’avoir de grands artistes : leurs managers recherchaient des informations sur le Kosovo sur internet, et ils lisaient que ça pouvait être dangereux», se rappelle Dukagjin Lipa, dans une interview à la presse locale. «Maintenant, nous n’avons plus ce problème !». Selon lui, 45 % de tickets ont été vendus à l’étranger – même s’il est difficile de distinguer entre les touristes et la très nombreuse diaspora kosovare.

Toutefois, à 200 euros le billet, soit un peu moins de la moitié du salaire moyen, peu de jeunes kosovars peuvent en effet s’offrir l’entrée aux quatre jours de festival. La mairie a pourtant fait de son mieux pour limiter les coûts aux organisateurs : elle a prêté le terrain, des forces de police, des bus, et même les éboueurs. «C’est un miracle que ce festival se tienne à Pristina», se réjouit alors le maire, Përparim Rama

Il poursuit : «C’est une opportunité unique de montrer qui nous sommes, notre culture, notre héritage, notre esprit d’entrepreneur, et notre jeunesse polyglotte qui saura accueillir des gens du monde entier». Jeudi, quelques heures après l’ouverture, Mozzik, l’un des rappeurs les plus connus du Kosovo, s’interrompt entre deux chansons. «Aux États-Unis, on dit « God save America ». Moi, je dis « God Save Dua Lipa ».»

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