Accueil | Culture | Après la Formule 1, Netflix s’attaque au Tour

Après la Formule 1, Netflix s’attaque au Tour


Les organisateurs du Tour ont «ouvert les portes en grand» à Netflix. (photo afp)

Des coureurs qui vont au bout d’eux-mêmes, un peloton qui avance comme une furie, de la sueur et des larmes : Netflix documente le Tour de France avec l’ambition de rendre sexy les «galériens» du cyclisme.

Tourné lors de la Grande Boucle 2022, le docu-série Tour de France : Unchained sort aujourd’hui sur Netflix, et raconte sur huit épisodes la conquête du maillot jaune, la bataille de sprinteurs, la stratégie des équipes, les morceaux de bravoure et la ferveur incroyable qui entoure la plus grande course de vélo du monde. La série utilise les mêmes recettes qui ont fait le succès de Formula 1 : Drive to Survive, en s’attardant sur plusieurs personnages marquants. Comme le sprinteur néerlandais Fabio Jakobsen, qui a frôlé la mort lors d’un accident effroyable en 2020 et qu’on accompagne dans son retour à la lumière, lorsqu’il gagne une étape ou quand il va puiser au plus profond de lui-même pour rentrer dans les délais sur une étape de montagne.

 

«Il y a la magie du Tour, mais on est surtout dans un sport où il y a des histoires formidables et des personnages qui portent des thèmes universels», souligne Yann Le Bourbouac’h, l’un des producteurs de la série. Il cite Jakobsen, le Français Julian Alaphilippe, qui apparaît dans un épisode où il apprend sa non-sélection pour le Tour, mais aussi le directeur sportif d’AG2R-Citroën, Julien Jurdie. Touchant de sincérité, ce dernier s’étrangle d’émotion lors de la victoire d’étape de Bob Jungels, exhibe ses tatouages à la gloire du vélo et pleure devant la caméra lorsqu’il évoque son père disparu. «J’espère qu’avec la galerie de personnages qu’on a, on arrivera à séduire ma génération et les plus âgés. Mais aussi que les jeunes finiront par les trouver un peu sexy, ces galériens», confie Yann Le Bourbouac’h, grand fan de cyclisme et admiratif de ces «titans».

«Des moyens énormes»

Pour permettre aux équipes de Netflix de raconter ces destins et la course de l’intérieur, les organisateurs ont «ouvert les portes en grand», souligne Julien Goupil, directeur médias et partenariats chez Amaury Sport Organisation (ASO), l’entité qui organise le Tour de France. «C’est un projet de longue haleine, les premiers contacts datent de 2018, dit-il. C’est nous qui avons fait la démarche avec l’objectif de toucher le public le plus large possible. Pas forcément pour rajeunir l’audience, mais pour l’élargir. Et on est très contents du résultat.»

Les huit équipes participantes – qui ont touché un peu d’argent au passage – ont joué le jeu, sans aucun droit de regard sur le résultat final. Y compris en amont de la course, pour permettre aux caméras de Netflix de suivre les athlètes dans leur préparation ou dans leur vie privée. On peut notamment voir le Gallois Geraint Thomas, vainqueur du Tour 2018, s’interroger sur son après-carrière avec sa femme en couvant du regard son fils dans un jardin d’enfant. Et le Français Thibaut Pinot nourrir ses chèvres avec sa compagne dans sa ferme de Mélisey, en Haute-Saône.

«Ils ont vraiment mis des moyens énormes. Ils sont venus me voir en stage à Tenerife, dans le sud de la France, sur le Dauphiné et chez moi en Bretagne. Tout ça avant même le Tour», dit David Gaudu, auquel la série consacre un épisode pour raconter sa lutte pour le podium.

Pogačar dit non

Les destins individuels s’entremêlent avec l’œuvre collective. On embarque dans les voitures des directeurs sportifs et les bus pour assister aux briefings d’avant-course. On s’assied au coin de la table de massage pour écouter les confidences des coureurs brisés par une journée en montagne. On suit au plus près Jonas Vingegaard et son équipe, Jumbo-Visma, qui paniquent sur l’étape des pavés avant de faire craquer Tadej Pogačar dans l’odyssée du Granon. On découvre les descentes supersoniques et les pauses pipi acrobatiques de Tom Pidcock. Les images sont mélangées avec des extraits de la course et accompagnées, dans la version française, par les commentaires d’Alexandre Pasteur, la voix du Tour sur France Télévisions.

Le résultat est spectaculaire, avec un bémol : outre l’éventuelle lassitude des téléspectateurs – après la F1, Netflix a déjà décliné le concept dans plusieurs sports, l’absence de l’équipe UAE de Pogačar, qui n’a pas voulu participer. Et cela ne devrait pas changer pour la saison 2, déjà en préparation, et qui devrait ainsi suivre le Tour 2023, dont le départ est attendu pour le 1er juillet à Bilbao, en Espagne.

Tour de France : Unchained, de QuadBox. Netflix.

PUBLIER UN COMMENTAIRE

*

Votre adresse email ne sera pas publiée. Vos données sont recueillies conformément à la législation en vigueur sur la Protection des données personnelles. Pour en savoir sur notre politique de protection des données personnelles, cliquez-ici.