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[Album de la semaine] «No Treasure But Hope» de Tindersticks


Réconfortants, les dix titres de ce No Treasure But Hope, douzième album du collectif Tindersticks s'écoutent dans une chaude quiétude. (Photo : DR)

En ces temps de froid mordant, Tindersticks nous propose un câlin musical, un cocon réconfortant, quelque chose de mélodique, de rassurant, d’intime dans lequel on peut se plonger, jusqu’au menton, en attendant le dégel à venir.

Dans ce sens, pour sûr, on peut faire confiance à l’Anglais Stuart Staples et sa bande des Tindersticks qui, selon l’avis populaire, déçoit rarement. C’est que l’on a affaire ici à des musiciens distingués, en activité depuis un quart de siècle, d’abord comme un sextette racé à la fin des années 90, puis en quintette plus aventureux mais toujours aussi classe depuis sa renaissance en 2007, après une mise en veille de quatre ans.

Célébrons donc ces nouvelles – et toujours heureuses – retrouvailles avec ce No Treasure But Hope, douzième album du collectif succédant donc au somptueux The Waiting Room (2016). Si sa musique reste à la fois luxuriante et confidentielle, se pâmant dans une mélancolie totalement assumée (voire revendiquée), cette dernière offrande se veut toutefois différente des précédentes, et ce, pour deux raisons majeures.

«Ressentir, aimer, vivre, essayer, voire voler»

La première tient au déménagement de son leader âgé de 54 ans, qui a quitté la Creuse (France) où il réside pour l’île d’Ithaque, en Grèce, lieu qu’il fréquente depuis de nombreuses années. Comme un Ulysse retrouvant ses pénates de cœur, Stuart Staples, pour cet album au «désespoir teinté d’espoir», comme il le définit, offre là une véritable balade dans les lumières de la Méditerranée, sa langueur, sa sérénité. La vision d’une île, dont le chanteur désabusé célèbre la beauté, dans une joie et une souffrance, c’est selon, à fleur de peau.

Le second motif, lui, tient à une volonté du groupe d’apparaître plus vrai, plus direct, et de se détacher dès lors, peut-être l’espace d’un seul disque, d’un aspect cinématographique qui lui colle trop à la peau. Rappelons que Tindersticks collabore depuis longtemps avec la cinéaste Claire Denis, pour laquelle le groupe a signé la bande originale d’une demi-douzaine de ses films (dont High Life, sorti ce mois-ci en France avec Robert Pattinson et Juliette Binoche).

Telle une bouteille jetée à la mer, No Treasure But Hope se définit comme une œuvre spontanée, enregistrée dans une économie volontaire de prises. La méthode ? Un piano comme base de travail avant de laisser l’ensemble prendre vie tout seul, s’étoffer, comme en témoigne la chanson d’ouverture, For the Beauty, qui sonne alors comme un manifeste : «Ressentir, aimer, vivre, essayer, voire voler».

Avec les Tindersticks, tout est donc une question d’intensité. Ça part de moments fugaces, de sensations légères, qui, au fil de la création, savent prendre de l’ampleur, notamment à travers des arrangements somptueux. Dessus, le crooner, sincère, distille ses états d’âme, tantôt pleins d’espoir, tantôt obscurs, prouvant au passage que sa bande n’a pas vraiment besoin d’images pour déployer tout son élan sonore panoramique. Réconfortants, les dix titres s’écoutent dans une chaude quiétude. La tête sous la couette.

Grégory Cimatti

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