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A 80 ans, Christo emballe toujours autant


À 80 printemps, sous des airs de savant fou, Christo déborde encore de l'énergie de ses 20 ans. Et repousse toujours plus loin les limites de l'expérience esthétique. (Photo AFP)

Sa démarche artistique emballe toujours autant. À 80 printemps, Christo déborde encore de l’énergie de ses 20 ans : après avoir créé des forêts de parapluies, emballé le Reichstag et habillé Central Park de safran, l’artiste fera marcher en juin le public sur un lac italien.

En plus de cinquante ans, Christo et son épouse Jeanne-Claude, décédée en 2009 mais qu’il associe toujours à ses projets, ont réalisé 22 œuvres monumentales. Des dizaines d’autres sont restées dans les cartons. Les Floatings Piers (Pontons Flottants) en font partie.

Imaginé dès 1970 pour le delta du rio de la Plata en Argentine, dans une configuration un peu différente car la technologie a fait des progrès, le projet verra finalement le jour sur le lac d’Iséo, dans le nord de l’Italie, du 18 juin au 3 juillet. Pendant 16 jours, les visiteurs pourront marcher sur des pontons flottants de 3 kilomètres autour et sur le lac, et rejoindre les îles de Monte Isola et de San Paolo. Faites de 200 000 cubes de polyéthylène -entièrement recyclables- reliés entre eux par 200 000 vis géantes, ces structures seront recouvertes d’une toile jaune, aux tons changeant selon l’heure du jour, prenant ainsi un rouge intense avec l’humidité.

« Tous nos projets sont liés à des sensations physiques. Moi je n’aime pas l’ordinateur, je n’y connais rien, je ne veux pas parler au téléphone. Je suis en lien avec les choses de façon viscérale, pas avec le virtuel », martèle Christo, plein de verve. « En marchant sur de très petites rues recouvertes de toile, sur une surface très solide, tout d’un coup, vous commencez à marcher sur l’eau ». Pour lui, le maître-mot de l’expérience esthétique est de « ressentir ».

Floating piers, qui coûtera au moins 10 millions d’euros entièrement autofinancés, est la première œuvre réalisée par Christo depuis 2005, l’année où il avait créé avec Jeanne-Claude, The Gates (Les Portes) au Central Park de New York, une installation de 7 500 arches de toile safran. Alors qu’il a dû être abandonné en Argentine puis au Japon, à la fin des années 1990, faute d’autorisations, Floating Piers a pu voir le jour en seulement deux ans en Italie, grâce à l’enthousiasme d’élus et d’habitants. Christo et Jeanne-Claude avaient mené dans ce pays trois « emballages » dans les années 60-70, dont un sur la place du Duomo à Milan.

Le couple s’est en effet surtout fait connaître par ses emballages spectaculaires, comme celui du Pont-Neuf à Paris en 1985 et surtout du Reichtag à Berlin en 1995. Un projet pour lequel le couple avait mis 25 ans à obtenir les autorisations. Jusqu’au 18 septembre, le musée de Santa Giulia à Brescia, à 20 km du lac d’Iseo, présente une rétrospective de ces œuvres éphémères, avec dessins préparatoires, maquettes, photos et films, en axant l’exposition, baptisée Water Projects, sur les œuvres liées à l’eau. On y voit ainsi les magnifiques Surrounded Islands, ces îles verdoyantes situées dans la baie de Biscane en Floride que Christo et Jeanne-Claude avaient entourées de tissu rose en 1983, créant des sortes de nénuphars sur une eau vert turquoise.

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