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[Mondial-2022] En Iran, Carlos Queiroz rattrapé par la révolte


Après un premier mandat entre 2011 et 2019, Carlos Queiroz a repris les rênes de la «Team Melli» cette année. (Photo : afp)

Très respecté lors de son premier mandat, le sélectionneur portugais de l’Iran est de plus en plus contesté pour son manque d’empathie envers les manifestants.

Très respecté lors de son premier mandat (2011-2019), le Portugais Carlos Queiroz voit son retour à la tête de la «Team Melli» percuté de plein fouet par le soulèvement en cours en Iran où il est de plus en plus contesté pour son manque d’empathie envers les manifestants.

Celui qui est surnommé «le professeur» dans son pays ne s’imaginait sans doute pas les embûches auxquelles il ferait face en revenant aux commandes de la sélection perse juste avant le début du Mondial-2022. Dix jours à peine après son intronisation, l’Iran était secoué par un mouvement de protestation sans précédent à la suite de la mort le 16 septembre de la jeune Mahsa Amini, arrêtée par la police des mœurs de la République islamique pour ne pas avoir respecté le code vestimentaire strict imposé par le régime.

Alors qu’il s’était forgé un solide capital sympathie en qualifiant les Iraniens pour les Coupes du monde 2014 et 2018, le Portugais l’a rapidement dilapidé en se gardant de tout commentaire sur la situation politique, contrairement à son premier passage quand il n’hésitait pas à pointer du doigt les difficultés économiques du pays.

Queiroz sort de ses gonds

La rencontre de l’équipe nationale avec le président ultraconservateur Ebrahim Raïssi, organisée juste avant le départ pour le Qatar, a suscité un malaise, amplifié par son refus d’appuyer explicitement les contestataires au cours des points-presse organisés à Doha.

Interrogé le 15 novembre sur les troubles et d’éventuelles marques de soutien des joueurs au cours du Mondial, Queiroz a expliqué que ceux-ci avaient «le droit de s’exprimer». Mais il est aussitôt sorti de ses gonds quand un journaliste anglais l’a questionné sur son rôle de sélectionneur d’un pays « qui ne respecte pas les droits des femmes ».

«Combien me payez-vous pour cette question? Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Réfléchissez de votre côté à ce qui s’est passé dans votre pays avec l’immigration», a-t-il lancé.

«Laissez ces garçons jouer au football»

Lundi, à l’issue de la lourde défaite de l’Iran face à l’Angleterre (6-2), le Portugais a également tenu un discours très virulent contre certains supporteurs de la «Team Melli», qui estiment que les joueurs ne soutiennent pas suffisamment les manifestants.

«S’il vous plaît, vous les professeurs, les moralistes, laissez ces garçons jouer au football, a-t-il lâché. Il n’est pas juste de les faire venir pour cette Coupe du monde et de leur demander des choses qui ne sont pas de leur responsabilité. Si les supporteurs ne veulent pas soutenir leur équipe, qu’ils restent chez eux, nous n’en avons pas besoin.»

Jugé clivant, il s’est clashé avec Ronaldo

Le technicien, aujourd’hui âgé de 69 ans, a toujours été clivant et doté d’un caractère sanguin. En Iran, certaines vieilles gloires, comme l’ex-attaquant du Bayern Munich Ali Karimi, qui multiplie les messages contre le régime sur les réseaux sociaux, lui ont souvent reproché de faire peu de cas des techniciens du pays et du championnat local, en imposant parfois des changements dans le calendrier des compétitions nationales pour organiser des stages avec les internationaux.

Au Portugal, lorsqu’il était sélectionneur (2008-2010, après un premier passage entre 1991 et 1993), il avait osé aller au clash avec la superstar Cristiano Ronaldo après la piètre performance du Portugal à la Coupe du monde 2010. Un incident venu ternir l’image de celui qui, 20 ans plus tôt, avait fait éclore la génération en or du football portugais.

Des résultats pas toujours flatteurs

Car Queiroz, qui n’a pas obtenu des résultats flatteurs avec la Seleçao ou le Real Madrid (2003-2004), est surtout réputé pour ses talents de formateur. Précurseur de l’école d’entraîneurs portugais formés sur les bancs d’université, où l’on retrouvera José Mourinho ou Leonardo Jardim, il s’est fait un nom en offrant à son pays deux titres consécutifs de champion du monde des moins de 20 ans, en 1989 et 1991.

Après son premier échec avec la Seleçao, qu’il ne parvient pas à qualifier pour le Mondial-1994, il entraîne pendant une saison le Sporting Lisbonne, avant d’entamer un périple international qui l’emmènera aux États-Unis (New York MetroStars), au Japon (Nagoya), aux Émirats arabes unis, en Afrique du Sud, en Colombie et en Égypte avec qui il a atteint la finale du Championnat d’Afrique 2021.

Il a aussi été l’adjoint d’Alex Ferguson à Manchester United, avec lequel il dit s’entretenir «régulièrement». Mais c’est en Iran qu’il a connu son plus long mandat de technicien. D’où le fort dépit amoureux dont il fait aujourd’hui l’objet.

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