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Uniforme à l’école : une première mitigée près de Paris


Mettre un uniforme pour aller à l'école ? La mesure est proposée de façon optionnelle dans une ville de banlieue parisienne. Et pour un premier jour, n'a pas séduit tous les parents (Photo : AFP).

Ensemble bleu marine, polo brodé « Liberté, Egalité, Fraternité » : pour la première fois en métropole, des élèves ont fait leur rentrée en uniforme lundi à Provins, en Seine-et-Marne, même si la mesure, non obligatoire, n’a convaincu qu’une minorité de parents.

Devant l’école élémentaire publique des Marais, dans le centre-ville, rares sont les élèves qui osent arborer fièrement leur nouvel uniforme. Jeans et sweat-shirts à l’effigie de super héros restent de mise pour la grande majorité des écoliers. Approuvé lors d’un vote de parents d’élèves en juin, le port de l’uniforme a été mis en place de façon non obligatoire dans les six écoles élémentaires de cette cité médiévale à l’initiative du maire LR, Olivier Lavenka. « Plus pratique le matin pour habiller les enfants », « sentiment d’appartenance à la communauté éducative renforcée », « différences sociales atténuées » : pour l’édile, l’uniforme contribue à « améliorer les conditions d’apprentissage des élèves ».

« Comme dans Harry Potter ! »

Noé, 8 ans, en classe de CE2 porte la nouvelle tenue scolaire. « J’ai un peu peur », confie-t-il avant d’arriver devant les grilles de son école. « Mais je suis content, car on est habillé comme dans Harry Potter ». Sur son polo bleu ciel est brodée la devise républicaine « Liberté, Egalité, Fraternité », ainsi qu’un écusson représentant la Tour César, symbole de la ville médiévale de Provins. « Tu seras en uniforme comme papa et maman », le rassure sa maman, Julie Hotin, qui travaille dans un hôpital et dont le mari est sapeur-pompier. « Pour nous l’uniforme représente une forme de respect à l’institution », explique son père, Etienne Hotin. « Il permet également d’atténuer les discriminations sociales mais aussi de porter fièrement les couleurs de notre ville », ajoute-t-il. Une position que tous les parents ne partagent pas ce matin devant l’école élémentaire des Marais. « Faire rentrer les enfants dans un moule en les habillant tous pareils, cela va à l’encontre de nos méthodes d’éducation », explique Nathalie Pruvost, mère d’un enfant en classe de CE2, qui espère que l’expérimentation ne deviendra pas obligatoire.

« Ridicule » pour d’autre

« Je trouve ça ridicule ! », lance Stéphanie Meiria, mère d’une fille en CP. « Toute leur vie, ils seront confrontés aux différences sociales, et ma fille adore choisir ses habits, je n’ai pas envie de lui enlever ça », poursuit cette femme de 44 ans. Un autre parent d’élève déplore lui le prix de la tenue scolaire : 137 euros certes. Mais le paquet comprend pour que chaque enfant : deux pantalons, un bermuda ou une jupe, quatre polos, deux gilets et un blouson ! Un trousseau toutefois fourni gratuitement aux familles les plus modestes.

« J’avais commandé l’uniforme pour ma fille, mais on n’est pas encore allé le récupérer », explique Aktas Ayse, mère d’une élève en classe de CP. « Et quand je vois ce matin le peu d’enfants qui le portent, je me dis qu’on a bien fait d’attendre un peu ». « Soit tout le monde le porte, soit personne. Je trouve ça complètement absurde », ajoute-t-elle. Comme Aktas Ayse, près de la moitié des parents des écoles élémentaires de la ville ont pourtant commandé la nouvelle tenue scolaire. Mais certains ont renoncé lundi à franchir le pas de peur que leurs enfants « soient les seuls à le porter » ou encore parce qu’ils viennent d’apprendre « qu’en fait ce n’était pas obligatoire », selon des témoignages de parents d’élèves.

Ces dernières années, la question de la tenue scolaire unique – qui n’a jamais été obligatoire en France – est revenue dans le débat public. Pour certains, elle est vecteur d’égalité et permettrait un meilleur climat scolaire. Pour d’autres, elle est inutile et démagogique. Sans se prononcer clairement, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer avait affirmé en janvier être favorable à sa mise en place dans les établissements qui le souhaitaient, sans pour autant prôner sa généralisation.

AFP

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