C’est le message du Statec dans sa note conjoncturelle de décembre, qui souligne que l’économie reste fragile en Europe et connaît des pressions au Luxembourg.
A l’image de la neige encore peu abondante en cette fin d’année, les bons indicateurs économiques sont encore trop peu nombreux pour envisager une croissance vigoureuse. (Photo : AFP)
Le Statec estime que la conjoncture fait peu de cadeaux en cette fin d’année avec nombre d’indicateurs qui restent contrastés en Europe, alors que le cadre européen est par ailleurs susceptible de devenir plus contraignant vis-à-vis du Luxembourg en matière d’harmonisation fiscale après LuxLeaks.
Selon le Statec, le contexte conjoncturel de la fin de l’année se nourrit d’indicateurs et de signaux contrastés. La dégradation des indicateurs de confiance dans la Zone euro semble arriver à son terme, la baisse du pétrole devrait alléger la facture énergétique des ménages et des entreprises et l’emploi confirme son redressement. Mais l’environnement européen reste marqué par des faiblesses profondes, notamment en ce qui concerne l’investissement et la gouvernance économique.
D’une manière générale, les enquêtes de conjoncture font état de résultats qui ne permettent pas d’envisager une forte croissance pour la Zone euro au 4e trimestre 2014, mais qui préfigurent peut-être une dynamique plus soutenue pour le début de 2015 sous l’effet notamment de la dégringolade des prix du pétrole.
> De l’espoir venu de l’or noir
Le repli de l’or noir va se répercuter favorablement sur la facture énergétique des ménages et des entreprises des pays importateurs, ce qui devrait soutenir la consommation et les profits. Par contre, selon le Statec, il renforce le risque déflationniste, via d’éventuels effets de second tour (sur les prix d’autres biens et services). En novembre au Luxembourg, la faiblesse de l’inflation se confirme largement, avec un taux de seulement 0,1 % sur un an (contre +0,3 % en octobre).
La Zone euro ne se situe cependant pas encore dans un schéma déflationniste. Au rayon des bonnes nouvelles, le Statec souligne que l’emploi dans la Zone euro continue à se redresser, progressant de 0,2 % sur un trimestre au 3e trimestre 2014 (+0,6 % sur un an). La progression relevée pour le Luxembourg s’élève à 0,6 % (+2,5 % sur un an), un rythme comparable à celui enregistré depuis la fin de 2013. L’investissement européen devrait pour sa part bénéficier des mesures annoncées dans le cadre du « plan Juncker » à la fin novembre. L’impact théorique de ce plan s’élève à 315 milliards d’euros sur 3 ans (soit un peu plus de 2 % du PIB de l’UE), mais l’impact final dépendra de la substance des projets d’investissements sélectionnés et des effets de levier afférents.
> L’impact incertain de LuxLeaks
La Zone euro reste en effet très fragile. L’annonce d’élections anticipées en Grèce a par exemple chahuté l’évolution des places financières européennes durant la deuxième semaine de décembre, avec une tendance baissière renforcée par le repli des valeurs pétrolières.
L’investissement demeure d’autre part le grand point faible de la Zone euro, sans lequel ne pourra s’enclencher une véritable reprise. Selon l’enquête du deuxième semestre 2014, la valeur des investissements industriels au Grand-Duché devrait légèrement diminuer en 2015 (-1,5 %). La principale motivation des investissements au Luxembourg resterait guidée par l’adaptation aux nouvelles technologies, tandis que la demande continuerait à constituer un frein (comme en témoigne la forte sous-utilisation de l’appareil productif).
Pour ce qui concerne plus spécifiquement le Luxembourg, le Statec mentionne le renforcement des pressions en matière d’harmonisation fiscale à la suite des informations dévoilées dans le cadre des LuxLeaks en novembre et décembre, qui sont susceptibles de déboucher à terme sur des mesures contraignantes.
Les immatriculations de voitures neuves, autre indicateur phare au Luxembourg, avaient largement regagné en vigueur au cours des 2e et 3e trimestres 2014, mais les résultats disponibles sur le 4e trimestre indiquent une tendance moins favorable.
De notre journaliste Delphine Dard