Un jihadiste du groupe Etat islamique (EI) présent en Syrie a demandé à l’un des trois suspects du projet d’attaque contre un site militaire des Pyrénées-Orientales de « frapper » en France, a révélé vendredi le procureur de la République de Paris.
Le parquet a ouvert une information judiciaire du chef d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme en lien avec ce projet d’attentat. Il a requis le placement en détention des trois suspects, âgés de 17, 19 et 23 ans, dont la garde à vue de quatre jours s’est achevée vendredi matin.
Ils devaient être présentés à un juge d’instruction en vue de leur mise en examen, puis à un juge des libertés et de la détention qui statuera sur leur placement éventuel en détention provisoire. Les trois jeunes hommes, ainsi qu’un adolescent de 16 ans relâché depuis, avaient été arrêtés en toute discrétion la veille du 14 juillet, près de Valenciennes (Nord), au Chesnay (Yvelines) et à Marseille.
Mais François Hollande avait pris de cours les responsables de l’antiterrorisme en révélant mercredi que « des actes terroristes » avaient été déjoués « cette semaine ». Une précipitation qui a valu à l’exécutif des critiques de certains membres de l’opposition, qui y ont vue une « volonté d’appropriation politique ».
Les trois suspects se sont connus sur les réseaux sociaux et ont préparé ensemble leur départ en Syrie pour y mener le jihad, selon les premiers éléments de l’enquête. Mais la radicalisation du plus jeune, repérée par le renseignement sur les réseaux sociaux, a été signalée par un membre proche de sa famille. Décrit comme « un élément moteur », le jeune nordiste de Beuvrages a été repéré et a fait l’objet d’un entretien administratif.
Dans l’impossibilité de se rendre en Syrie, il a alors reçu instruction d’un jihadiste se trouvant en Syrie de « frapper sur place en France », a indiqué le procureur de Paris, François Molins.
« Investi d’une mission »
Après des échanges avec les deux autres suspects, le choix s’est alors porté sur le sémaphore de Fort Béar, un camp militaire sur les hauteurs de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales) où avait officié le plus âgé des trois, alors marin.
Ils auraient envisagé de tuer des militaires en poste dans ce sémaphore, et de décapiter le chef du détachement, en filmant la scène pour la diffuser sur internet. Fort Béar, qui domine la Méditerranée, abrite le centre national d’entraînement commando, tout près de Collioure.
L’exécution de ce projet aurait été envisagée pour fin décembre 2015 ou début janvier 2016, mais aucun des trois n’a indiqué, lors de sa garde à vue, avoir choisi cette période en référence à la date anniversaire des attentats de janvier 2015, a précisé François Molins.
« Il était prévu qu’ils se fournissent notamment en armes de poing », a-t-il expliqué. Aucune arme ni explosif n’ont été retrouvés à leurs domiciles.
Le suspect de 23 ans avait été guetteur au sémaphore de Fort Béar avant d’être réformé de la Marine « pour troubles d’adaptation au métier de militaire ». Son contrat a pris fin en janvier 2015. Il avait des problèmes de santé et aurait pu « nourrir une rancune personnelle contre le chef de détachement », selon une source proche du dossier.
Selon M. Molins, il a expliqué en garde à vue « s’être senti investi d’une mission au service de l’EI et vouloir répondre aux consignes de cette organisation terroriste en attaquant une cible » en France.
AFP