Un pochoir de Banksy, le plus célèbre des street artists, a été volé en plein centre de Paris, mettant en évidence la difficulté de conserver ces œuvres par essence éphémères, estimées pour certaines à des sommes astronomiques.
L’artiste britannique, qui se plaît à garder son identité secrète mais est un des plus cotés dans son milieu, avait frappé un grand coup en juin 2018 en disséminant une série de pochoirs, au ton parfois très politique, dans la capitale française. Il avait revendiqué la paternité de huit œuvres sur son compte Instagram, dont un détournement du tableau Napoléon traversant les Alpes de Jacques-Louis David, une silhouette au visage triste sur une porte du Bataclan ou un petit rat au museau masqué brandissant un crayon, près du centre Pompidou.
C’est cette œuvre « réalisée sur l’envers du panneau d’entrée » d’un parking qui a été dérobée, a annoncé mardi l’institution culturelle, après avoir déposé plainte « pour vol et dégradation, au sein d’un espace relevant de son périmètre ». « On présume que le panneau métallique a été découpé à la scie. Nous ne sommes pas propriétaires de l’œuvre, c’est pour cela que nous portons plainte pour dégradation », a expliqué le service de communication du Centre Pompidou, qui compte désormais sur les images de télésurveillance pour « peut-être identifier les auteurs et les conditions exactes de ce vol ».
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— Centre Pompidou (@CentrePompidou) September 3, 2019
Une source policière a précisé que le vol avait eu lieu dans « la nuit de dimanche à lundi vers 4h du matin ».
Butin invendable
Ce pochoir était accompagné d’une légende faisant référence aux événements de mai 1968 et rendant hommage à Paris, « berceau de l’art du pochoir ». A Bristol, Londres, Toronto et désormais Paris, les œuvres de Banksy – qui peuvent s’envoler à plus d’un million (comme le fameux Girl with Balloon acheté 1,185 million d’euros en octobre avant de s’autodétruire lors d’une vente aux enchères) sont régulièrement volées. En 2013 déjà, un graffiti, Slave Labour (Travail d’esclave), avait été mis aux enchères à Miami, mais avait été retiré de la vente au dernier moment après une controverse sur son arrachage du mur où il avait été peint, à Londres.
Pour éviter au maximum ces forfaits, « Banksy ne pose plus que sur des lieux publics, il le fait exprès pour que les gens ne vendent plus les murs », souligne le collectionneur et spécialiste du street art, Nicolas Laugero-Lasserre. Le petit rat du Centre Pompidou avait d’ailleurs déjà subi une tentative de dégradation ou vol en juillet 2018, interrompue in extremis par des agents de sûreté effectuant leur ronde.
« Ce sont des œuvres pourtant invendables », estime le spécialiste du street art, envisageant qu’elles restent pendant des dizaines d’années à l’abri des regards avant d’éventuellement ressurgir. Trop connus, trop identifiables, ces pochoirs réalisés dans l’espace urbain valent bien moins que des œuvres destinées aux galeries, et bénéficiant de certificat d’authenticité.
LQ/AFP