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Syrie : la France exclut l’envoi de forces spéciales


Des militaires français sur le pont du Charles de Gaulle le 22 novembre 2015. (Photo : AFP)

La France va pouvoir engager dès lundi son porte-avions Charles de Gaulle contre le groupe Etat islamique (EI) en Syrie mais exclut en revanche d’y envoyer des forces spéciales, a annoncé dimanche le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.

Le Charles de Gaulle, arrivé en Méditerranée orientale, «sera en mesure, avec les avions de chasse qui sont à bord (..) d’agir à partir de demain (lundi)», a déclaré M. Le Drian sur la radio Europe 1, neuf jours après les attentats de Paris revendiqués par l’EI qui ont fait 130 morts et quelque 350 blessés.

L’armée française va ainsi tripler sa capacité de frappes sur l’Irak et la Syrie, les 26 chasseurs embarqués sur le porte-avions – 18 Rafale et huit Super Etendard – venant s’ajouter aux 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis et en Jordanie (respectivement six Rafale et six Mirage 2000).

La lutte contre l’EI est «à la fois une guerre de l’ombre et une guerre du champ de bataille», a souligné le ministre. Il faut combattre un «ennemi à deux têtes», c’est-à-dire un «Etat» organisé, avec une armée, qui occupe une partie de l’Irak et de la Syrie, et un «mouvement terroriste international qui a pour objectif de frapper le monde occidental».

«Il faut traquer les terroristes, ceux qui esssaient de frapper la démocratie (..) et il faut en même temps frapper au coeur, dans le champ de bataille, au Levant pour anéantir l’Etat islamique», a-t-il insisté.

Frapper Mossoul et Raqa

Parmi les cibles, il faut frapper «Mossoul (Irak) où se trouvent les lieux de décision politique (de l’EI) et Raqa (Syrie) où se trouvent les centres de formation des +foreign fighters+, c’est-à-dire les combattants destinés à agir à l’extérieur», a-t-il dit.

Il faut aussi frapper «les capacités de ressources qu’a l’Etat islamique, c’est-à-dire les lieux de pétrole, les champs pétrolifères», a-t-il ajouté.

M. Le Drian s’est félicité à cet égard «des modifications très sensibles des règles d’engagement, en particulier de l’armée de l’Air américaine» contre les «champs pétrolifères et les pôles d’approvisionnement pétrolier en Irak et en Syrie».

Les avions de chasse américains, très limités dans leurs engagements – tout comme les Français – par les risques de dommages collatéraux, ont commencé à bombarder des camions-citernes transportant du pétrole dans les fiefs de l’EI.

«Aujourd’hui la multiplication des actions va considérablement limiter cette capacité», qui fournit d’importantes sources de revenus à l’EI, a noté le ministre.

Le ministre a aussi souligné que seule une opération terrestre permettrait in fine de déloger l’EI de ses positions, quelle que soit la portée des frappes américaines, françaises et désormais russes contre l’organisation.

«Une victoire et une destruction de Daech passent obligatoirement à un moment donné par une présence au sol (..) cela ne veut pas dire la présence française au sol», a-t-il dit.

La France exclut tout déploiement au sol dans des opérations armées, y compris de forces spéciales dont Washington a demandé l’envoi en Syrie selon des médias américains. «Cette hypothèse (des forces spéciales) n’est pas envisagée aujourd’hui», a précisé M. Le Drian.

Pour battre l’EI, «il faut des frappes en appui (de la coalition, ndlr) et des forces au sol» qui peuvent être kurdes ou de l’Armée syrienne libre (ASL), a-t-il ajouté, en avertissant toutefois que cela «prendra du temps».

Le dirigeant de la région autonome du Kurdistan irakien, Massoud Barzani, dont les forces viennent de reprendre Sinjar, au nord de l’Irak, se dit ainsi prêt à participer à une opération terrestre à Raqa.

«Dans le cadre d’une coalition internationale puissante, il est possible que les peshmergas fassent également partie des forces qui libèreront la ville de Raqa», a-t-il dit dans l’hebdomadaire français Journal du Dimanche (JDD).

M. Le Drian s’est également félicité du soutien que les 27 autres Etats-membres de l’UE ont promis d’apporter à la France, après l’invocation par Paris de l’article 42-7 des traités européens, prévoyant une clause de solidarité en cas d’agression.

Ce soutien va prendre «trois formes», a-t-il détaillé. «Un certain nombre d’Etats vont, je l’espère, participer aux actions de frappes, aux actions fortes sur le territoire syrien et irakien», a-t-il dit en notant que les «Britanniques y réfléchissent» parmi d’autres.

«D’autres vont pouvoir apporter du soutien logistique» (hélicoptères, avions de transport tactiques ou autres) à la France, voire «soulager l’effort militaire français» avec des moyens en hommes sur d’autres théâtres, notamment au Sahel, a-t-il dit.

AFP/M.R.

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