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SNCF : grève illimitée à neuf jours de l’Euro de football


Des grèvistes devant la gare de Lyon Perrache, le 1er juin 2016 à Lyon. (Photo : AFP)

À neuf jours du début de l’Euro, et après trois mois de fronde contre la loi travail, le gouvernement fait face mercredi à une grève reconductible à la SNCF à l’appel de trois syndicats, dont la CGT et SUD qui lient des revendications internes au retrait du projet de loi.

Il s’agit de la huitième journée de grève depuis début mars à la SNCF mais pour la première fois, le préavis est illimité. Lancé mardi soir, ce mouvement sera suivi d’autres turbulences, selon le numéro un de la CGT, Philippe Martinez. «Cette semaine va être la semaine la plus forte de mobilisation depuis trois mois», prévient-il. Le gouvernement, lui, entend «tenir sur le fond» du projet de loi travail.

L’exécutif a bien tenté de déminer le conflit dans le rail en imposant à la SNCF, transporteur officiel de l’Euro, des concessions sur la future organisation du travail des cheminots. Mais seule la CFDT a levé in extremis son préavis. L’Unsa l’a maintenu.

Les perturbations étaient relativement importantes mercredi: au vu des «premières prises de service», seulement 40% des Transiliens, le tiers des Intercités, la moitié des TER en circulation et six TGV sur dix étaient assurés, selon la SNCF qui recensait 17% de grévistes, tous personnels confondus. A la gare Saint-Charles de Marseille, le trafic était sensiblement plus perturbé en matinée que la veille au soir. Les trains maintenus partaient avec 10 à 40 minutes de retard et les cars de substitution tournaient à plein régime.

Sur les quais de la gare d’Ormesson, en région parisienne, peu de chanceux parvenaient à monter dans les rares trains arrivant déjà bondés. «C’est la galère aujourd’hui, plus que pour les autres journées de grève», estimait Christine, hôtesse d’accueil. La CGT-Cheminots a demandé mardi soir au gouvernement d’obtenir la «réouverture immédiate» des négociations sur une convention collective commune au secteur. L’UTP (regroupant SNCF et entreprises privées) les considère terminées et a déjà transmis aux syndicats un projet d’accord.

Les négociations menées parallèlement au sein de la SNCF pour rendre l’organisation du travail plus flexible sont, elles, entrées dans leur phase finale. Dans les transports publics parisiens, la CGT a appelé à partir de jeudi à une grève illimitée pour des questions salariales et contre le projet de loi travail. La RATP n’anticipe que de légères perturbations. Le gouvernement pourrait aussi affronter un conflit dans le ciel, les syndicats de l’aviation civile appelant à la grève de vendredi à dimanche pour demander notamment l’arrêt des baisses d’effectifs. Des négociations pourraient toutefois aboutir à lever la grève.

Passes d’armes

En dehors de ces revendications d’entreprises, le climat social reste alourdi par la contestation de la loi travail, avec de vives passes d’armes entre la CGT et le patronat. La première centrale a annoncé qu’elle allait «porter plainte pour diffamation» contre le président du Medef, Pierre Gattaz, qui a évoqué «des minorités qui se comportent un peu comme des (…) terroristes».

En réponse, l’organisation patronale a appelé les entreprises touchées par les blocages à porter plainte pour «délit d’entrave à la liberté du travail». Du fait des grèves, six raffineries sur huit restaient «à l’arrêt ou au ralenti», selon la CGT pétrole. Le patron de la CGT s’est rendu mardi soir à Donges (Loire-Atlantique) pour soutenir les grévistes de la raffinerie Total, «détonateurs», selon lui, de «l’amplification» de la mobilisation contre la loi travail.

Contre ce texte de la ministre Myriam El Khomri, une journée d’action est programmée le 14 juin avec un rassemblement unique à Paris. Le président du parti Les Républicains et ex-chef de l’État, Nicolas Sarkozy, a dénoncé «la pagaille» en France et «la perte totale d’autorité» de l’exécutif. Mais pour Manuel Valls, «reculer serait une faute politique», François Hollande assurant que le projet «ne (serait) pas retiré». Faire marche arrière serait faire preuve de «courage politique», a rétorqué François Hommeril, qui doit devenir mercredi président de la CFE-CGC. Philippe Martinez a enjoint le gouvernement de renouer le dialogue, assurant mercredi qu’il est «toujours temps de discuter», dans l’émission Questions d’info LCP-FranceInfo-Le Monde-AFP.

Le Quotidien/AFP