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Sélection nationale – Ça ne s’arrange pas devant le but


Les Roud Léiwen se créent de moins en moins d'occasions. (photo Gerry Schmit)

Passé le constat qu’avec 4 points au compteur, les Roud Léiwen ont fait le job dans leur groupe C des éliminatoires de l’Euro, force est de remarquer qu’ils se créent de moins en moins d’occasions. C’est face à la Macédoine et au Belarus, contre deux équipes abordables et qui devaient permettre d’engranger des points, qu’on attendait les attaquants de la sélection.

En début de stage, Luc Holtz s’était fait poser, d’une autre manière, la question qui agitait la presse avant l’été. De «faut-il s’inquiéter de ce que le Luxembourg tire de moins en moins au but malgré d’évidentes dispositions à créer du jeu?», on est passé à quelque chose de plus ciblé : «Faut-il s’inquiéter de ce que vos attaquants soient tous, pour l’heure, remplaçants dans leurs clubs respectifs?» Bref, on était passé d’une analyse de potentielle défaillance collective à une critique ciblée : la situation individuelle des joueurs n’est pas follement positive par les temps qui courent.

Juste avant de répondre, Luc Holtz avait eu ce petit sourire désarmant qu’on lui connaît et qui tient lieu de bien des discours. Il signifiait, sans qu’il ait besoin de le dire : «C’est bien que vous vous posiez la question, cela veut dire que la sélection a atteint un niveau tel qu’on est en droit d’attendre d’elle qu’elle marque plus de buts». Oui, le sélectionneur a bien cerné les attentes. Et la réponse après le sourire, un modèle de langue de bois mais qui a sa raison d’être, était un moyen de nous dire de patienter une semaine et deux matches avant de nous impatienter pour rien : « Moi, je m’inquiéterais plutôt si on ne se procurait pas d’occasion ».

Ben voilà, on y est. C’est lors de cette semaine où les Roud Léiwen étaient les plus attendus, face à des adversaires qu’ils sont désormais en mesure de faire chuter, qu’ils nous ont (qu’ils se sont?) le plus déçu.

Trois fois moins de tirs cadrés qu’en 2013

Déçus les suiveurs de la sélection? Attention, pas forcément par la manière contre la Macédoine car ce match lors duquel certaines options tactiques tranchées de Luc Holtz ont fait merveille (de la confiance accordée à Delgado côté droit au choix de se passer de Schnell au profit de Philipps, en passant par le duo Gerson-Payal devant la défense) a été maîtrisé dans bien des domaines, de la récupération à la relance. Mais pas celui dans lequel la sélection pouvait frapper fort : l’animation offensive, la capacité à se créer des occasions de but.

Un tir cadré pour six non cadrés, c’en est à se demander si la sélection n’a pas régressé depuis l’aller à Skopje, en octobre 2014, où elle avait compulsé… quatre tirs cadrés pour sept non cadrés. Si Thill n’avait pas marqué sur sa tentative de la 92 e minute, qu’aurait-on fini par garder de cette performance? Qu’elle n’a pas été du tout emballante comme l’a été le Luxembourg en bien des occasions en 2013 et 2014. Le résultat, lui, est bien meilleur. Pas la manière. Et se dire qu’on ne va pas pleurer maintenant que l’on prend des points en jouant moyennement n’est recevable que quand, justement, on prend des points…

Luc Holtz l’a bien ressenti, mardi soir, à Borisov. Changement de décor : une équipe tout aussi peu créative, tout aussi peu présente devant le but adverse mais qui, cette fois, n’a pas la réussite nécessaire pour obtenir quelque chose, ça nous replonge loin, très loin en arrière. Comme si les Roud Léiwen régressaient depuis quelque temps alors qu’ils savent avoir les armes pour être bons. Un bilan chiffré : les hommes de Luc Holtz cadrent trois fois moins de tirs en 2015 qu’ils n’en cadraient en 2013 (1,8 en moyenne par match contre 5,4) et ils marquent comme par miracle… trois fois moins (0,3 contre 0,9). Et l’argument du niveau de l’opposition ne tient plus puisque rien ne s’est arrangé avec les deux dernières rencontres face à la Macédoine et au Belarus contre lesquels la sélection ne s’est pas créé la moindre véritable occasion de but.

Philipp : «Aurait-il dû changer plus tôt?»

Quelque chose, dirait-on, s’est cassé dans la dynamique de jeu, qui relève toujours d’un équilibre fragile. Pourtant, depuis sa prise de pouvoir, on doit quelques inspirations géniales à Luc Holtz qui ont révolutionné nos soirées internationales et notre façon de concevoir la place du Grand-Duché en Europe. Avoir trouvé un moyen de jouer à deux attaquants, avoir installé Mario Mutsch dans un rôle axial voire bien plus haut sur le terrain. Quels bons moments ces deux choix forts ont pu nous faire passer depuis 2013… Mais on lui doit aussi quelques belles questions prises de tête depuis mardi soir : Deville et Joachim, qu’il a décidé d’associer lors de cette semaine internationale, sont-ils compatibles? A-t-il eu raison de débuter son match de Borisov en 3-5-2? A-t-il bien fait de conserver ce 3-5-2 jusqu’à la pause plutôt que de tout remettre à plat après un premier quart d’heure exécrable mais au terme duquel son équipe n’était pas encore menée?

Paul Philipp, président qui faisait grise mine après le Belarus, adore se reglisser dans la peau de l’ancien sélectionneur qu’il fut, sans jamais penser à mal : « Aurait-il dû changer plus tôt son système? Les couloirs, notamment Jänisch, avaient du mal à trouver leur place. Et je remarque qu’on a surtout pas été très dangereux. » Tout le monde a fait ce constat. Derrière la question des options tactiques, il y a aussi celle des hommes, sur laquelle le sélectionneur ne peut pas avoir totalement prise : un Joachim à l’agonie physiquement, un Deville qui doit encore grandir et à qui il faut laisser du temps et donc de la présence sur le terrain, des prestations individuelles médiocres…

Mardi soir, alors qu’il aurait dû, le Grand-Duché a refusé de se réfugier derrière l’excuse physique de l’intoxication alimentaire à la bolognaise. Son médecin, le Dr Huberty a juré mercredi qu’il ne voyait pas « comment cela n’a pas pu avoir d’incidences sérieuses sur le physique des joueurs ». En attendant, ça ne s’arrange pas.

Julien Mollereau

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