Manuel Valls a tiré la sonnette d’alarme vendredi en assurant que le Front national pouvait conduire à la « guerre civile ». Une nouvelle escalade verbale à deux jours d’un scrutin où le parti d’extrême droite est en mesure de gagner plusieurs régions, même si des sondages le donnent perdant.
« Il y a deux options pour notre pays (…), celle de l’extrême droite qui, au fond, prône la division, cette division peut conduire à la guerre civile, et il y a une autre vision qui est celle de la République et des valeurs, qui est le rassemblement », a affirmé le Premier ministre vendredi matin sur France Inter.
M. Valls, qui n’a pas économisé sa parole pendant l’entre-deux-tours, a réitéré ses propos un peu plus tard, lors d’un déplacement à Sainte-Geneviève-des-Bois (Essonne), aux côtés de Claude Bartolone. Il a apporté son soutien à la tête de liste PS en Ile-de-France, après les propos polémiques de ce dernier accusant sa rivale Valérie Pécresse (Les Républicains) de défendre « en creux » la « race blanche ».
Le président de l’Assemblée a maintenu ses propos et a renvoyé les Républicains à leur propre « violence » à son endroit, prenant l’exemple du maire de Juvisy-sur-Orge (Essonne), Robin Reda, qui l’a traité d' »élu mafieux ». D’autres socialistes ont lancé leur dernières salves contre le FN. Comme le chef de file des députés PS Bruno Le Roux, qui a prévenu que le FN allait « pourrir la vie des Français », s’il remportait des régions dimanche. Une façon de détourner à son compte la promesse de Marine Le Pen de « pourrir la vie du gouvernement » si elle était élue dans le Nord. En réplique, la présidente du Front national a dénoncé le « délire d’outrances et d’éructations » des socialistes.
Tête de liste en Alsace-Lorraine-Champagne-Ardennes, Florian Philippot a renchéri dénonçant « toute une caste, toute une oligarchie (qui) s’est mise à essayer de terroriser les électeurs ». Wallerand de Saint Just, chef de file FN en Ile-de-France pour les régionales, a lui jugé Claude Bartolone (PS) « intellectuellement pervers ».
Perdant selon des sondages
Cette poussée de tension en France a ricoché en Allemagne, où le vice-chancelier allemand, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a accusé la chancelière Angela Merkel d’avoir renforcé l’extrême droite française en imposant une « politique d’austérité » en Europe. Les derniers sondages montrent toujours le Front national perdant dans les trois régions où ses candidats sont les mieux placés.
En Nord-Pas-de-Calais-Picardie, le candidat des Républicains Xavier Bertrand, pour qui l’exécutif et une grande partie de la gauche a appelé à voter, est donné gagnant dimanche face à Marine Le Pen. Il l’emporterait selon un sondage BVA par 53% des suffrages contre 47% à la présidente du FN. Le duel s’annonce plus serré, selon BVA, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, où Christian Estrosi, également seul candidat face à l’extrême droite, est crédité de 51% des voix contre 49% à Marion Maréchal-Le Pen.
Climat délétère en Ile-de-France
Le candidat des Républicains Philippe Richert en Alsace-Champagne-Ardennes-Lorraine devrait bénéficier de son côté d’une légère avance face à Florian Philippot, alors que la liste de Jean-Pierre Masseret s’est maintenue pour le second tour malgré la perte de l’investiture du Parti socialiste. M. Richert l’emporterait dimanche avec 43% des voix contre 41% à M. Philippot, selon un sondage de l’institut Elabe.
Reste la grande inconnue de la Bourgogne-Franche-Comté où, selon la candidate socialiste Marie-Guite Dufay, « la situation est claire et grave » car le Front national emmené par Sophie Montel, arrivée première dimanche dans sept des huit départements, peut l’emporter. Troisième dimanche dernier, mais au coude-à-coude avec le candidat de droite François Sauvadet, elle a maintenu sa liste pour le second tour, créant une triangulaire qui pourrait profiter à l’extrême droite, créditée de 31,48% des voix au premier tour.
AFP