Qui sont les assaillants, leurs éventuels complices et commanditaires? L’enquête, qui s’annonce longue, devra déterminer comment des kamikazes ont pu se coordonner pour commettre un tel carnage dans Paris au nom du groupe Etat islamique.
Que s’est-il passé ?
Grâce à la video-surveillance et aux témoignages, les enquêteurs tentent d’établir une chronologie précise des événements. Alors qu’une première explosion s’est produite à 21H20 aux abords du stade de France, trois fusillades ont éclaté dans Paris, dans plusieurs rues des 10e et 11e arrondissements. Les mêmes ont-ils frappé successivement avant d’achever leur carnage au Bataclan, où ils sont morts après avoir tué au moins 82 personnes? Cela permettrait d’exclure que des assaillants aient pris la fuite. «A priori», ce n’est pas le cas, disent des sources policières et proches du dossier, sans l’exclure définitivement.
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Qui sont les kamikazes ?
Les restes des corps des kamikazes qui se sont faits exploser boulevard Voltaire, au Bataclan et au Stade de France, doivent être ramenés à l’Institut médico-légal (IML). Les enquêteurs espèrent que des traces ADN ou des empreintes exploitables coïncideront avec un fichier d’auteurs d’infractions. Selon des sources policières, des témoins évoquent des assaillants venus dans une voiture immatriculée en Belgique, ce qui laisse ouverte l’hypothèse d’une équipe venue de l’étranger, sans exclure la présence de locaux.
La coopération de services étrangers, notamment européens, a été sollicitée.
D’ores et déjà, une source policière évoque «des types aguerris à première vue et parfaitement entraînés, que les témoins décrivent comme assez jeunes et sûrs d’eux». La question de leur entraînement et d’un éventuel séjour en zone de jihad, notamment en Syrie, est posée selon des sources policières.
Sur la trace d’hommes de main et de commanditaires
La coordination des attaques (explosions au Stade de France lors d’un match international, fusillades à Paris) laisse peu de doute: le projet a été conçu et préparé pour frapper les esprits et semer l’effroi. En août, un Français arrêté à son retour de Syrie, où il avait séjourné quelques jours à Raqqa, fief de l’Etat islamique, avait évoqué des instructions pour viser une salle de concert.
Remonter le fil de soutiens logistiques puis de commanditaires dépendra des traces laissés par les kamikazes. La présence de ceintures explosives est inédite et laisse supposer la présence d’un artificier. «Le spécialiste en explosif est trop précieux, il ne participe jamais aux attaques. Donc il est là, quelque part…», pense l’ancien chef du service de renseignements de sécurité à la DGSE, Claude Chouet.
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Dans l’enquête sur les précédents attentats de Paris en janvier, ce travail sur l’entourage a pu être réalisé en partie sur Amédy Coulibaly, grâce à la téléphonie et à l’ADN, ce qui a abouti à la mise en examen de sept de ses hommes de main, mais aucun n’est directement impliqué dans les attaques. Et les frères Kouachi semblent avoir beaucoup plus cloisonné leurs contacts.
Les enquêteurs ont la conviction qu’Amédy Coulibaly, qui a agi en coordination avec les frères Kouachi, avait reçu des instructions de l’étranger, probablement de la zone irako-syrienne contrôlée par l’Etat islamique. C’est aussi le cas pour Sid Ahmed Ghlam, arrêté en avril alors qu’il projetait d’attaquer une église à Villejuif.
Dans quel cadre se déroulent les investigations ?
Le parquet de Paris a activé sa cellule de crise permettant de mobiliser tous ses magistrats. Tous les services spécialisés dans l’antiterrorisme sont saisis de l’enquête (SDAT, DGSI et section antiterroriste de la PJ parisienne). Dans les premières heures, l’intégralité des effectifs de la PJ, soit plus de 2.000 policiers, sont également mobilisés.
L’état d’urgence, décrété par François Hollande, donne de larges pouvoirs à la police, notamment en matière de perquisitions désormais permises en pleine nuit. Les investigations déboucheront à terme sur l’ouverture d’une information judiciaire confiée à des juges antiterroristes. Un appel à témoins a été lancé par la police nationale.
AFP/M.R.