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Quand Nice-Matin félicite l’homme qui a tué une raie papillon, espèce menacée


(photo Facebook)

La rédaction de Nice-Matin s’est attiré les foudres d’une partie de ses lecteurs le 28 août. L’édition de Cannes du quotidien a rapporté la pêche d’une raie papillon de 72 kg par un adepte de la pêche sous-marine, au large des îles de Lérins (Alpes-Maritimes). Interrogé par Nice-Matin, le pêcheur s’est félicité de sa prise en disant « j’ai tout de suite tiré ». L’article complimente explicitement le chasseur en sous-titrant « impressionnant ! ».

L’article a été partagé sur la page Facebook du journal, où les lecteurs se sont empressés de dénoncer à la fois le geste du chasseur et le relais qui lui était offert : « Cela n’a rien d’impressionnant » ; « Je ne vois pas ce qu’il y a de glorieux à tuer un animal » ; « Une raie de cette envergure devrait être protégée et laissée en vie au lieu d’être morte et en photo dans Nice-Matin », etc.

« Danger critique d’extinction »

Deuxième problème : la raie papillon est, en Méditerranée, une espèce classée « en danger critique d’extinction ». L’association de protection des océans Sea Shepherd a partagé sur sa page Facebook la lettre d’un spécialiste de l’écologie marine en Méditerranée à la rédaction de Nice-Matin, qui accuse le journal d’avoir cautionné un comportement « irresponsable » de la part du chasseur.

Gymnura altavela, explique-t-il, se trouve parmi les espèces « vulnérables » dans le classement de l’Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN), car ses effectifs ont diminué de 30 %. En Méditerranée, par contre, elle fait partie des espèces « en danger critique d’extinction » : ses effectifs ont baissé de 80 % au cours des vingt dernières années. L’ONG Sea Shepherd mentionne également des témoins ayant vu, lors du débarquement de la raie, qu’elle était pleine d’œufs, ce que le scientifique confirme, compte tenu de sa taille et de l’époque de l’année.

Devant les protestations des lecteurs, Nice-Matin a voulu faire amende honorable en publiant un second article, le 1er septembre. La rédaction a interrogé de nouveau le pêcheur, qui répond que s’il avait su, il n’aurait pas tiré sur la raie papillon. Il dit aussi connaître les espèces marines protégées, qui sont, en réalité, peu nombreuses.

Plusieurs chercheurs spécialisés sont également interrogés, qui confirment que, si la raie papillon est classée parmi les espèces menacées, il n’y a pas réellement de cadre légal qui en interdise la pêche. L’un d’eux ajoute toutefois que le réflexe devant un animal de cette envergure devrait être de « ne pas tirer ».

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