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Procès de Jawad Bendaoud : les parties civiles lui demandent d’arrêter son « spectacle »


La légèreté de Jawad Bendaoud à son procès tranche avec l'émotion des proches de victimes présentes. (illustration AFP)

Des proches de victimes des attentats du 13-Novembre ont appelé mardi Jawad Bendaoud, jugé pour avoir logé des jihadistes impliqués dans les attaques, à arrêter son « spectacle », au premier jour des auditions de parties civiles.

Il y a eu Patrick, qui a perdu son fils au Bataclan, un autre Patrick dont la fille s’occupait de la lumière dans la salle de concert, Iordanka, dont le fils unique a été « abattu de sept balles », Abdallah dont les deux sœurs sont décédées, Sophie qui a raconté l’agonie de son mari…

Jawad Bendaoud et Mohamed Soumah, tous deux poursuivis pour « recel de malfaiteurs terroristes », ont pleuré quand une mère a raconté sa douleur. Son fils venait d’avoir 37 ans. « Chaque fois que je parle de mon fils, j’ai les larmes qui coulent », a commencé Iordanka. « Maintenant, c’est dur ma vie. (…) Ces trois personnes (les trois prévenus, y compris Youssef Aït Boulahcen, jugé pour « non-dénonciation de crime terroriste », NDLR) je voulais les voir en face », a-t-elle souligné. « C’est pas eux qui ont tué mon fils mais ils ont plus ou moins contribué. (…) J’attends que ces trois personnes soient jugées sévèrement », a-t-elle encore insisté.

« Théâtre de boulevard »

« J’ai perdu mes deux sœurs le 13 novembre. Ce qui me choque, c’est la légèreté avec laquelle M. Bendaoud et M. Soumah prennent ce procès », a expliqué à la barre Abdallah, très ému lui aussi. « Derrière ce qui se juge aujourd’hui, il y a des familles K.O ». « Il y a un minimum de respect, de compassion à avoir. Ce n’est pas un show, pas un défilé de mode », a poursuivi cet homme qui a lui « aussi grandi dans une cité » et dont le père « a travaillé dur pour élever huit enfants ».

« J’étais outré lors des débats par les rires. Moi, ça ne me fait pas rire. Je ne suis pas ici au spectacle », a tancé Patrick en lisant son texte poignant. « Bendaoud a réussi à transformer le tribunal en théâtre de boulevard », a déploré ce père, qui a cherché sa fille pendant 48 heures après le 13 novembre. « Ces énergumènes n’ont ni foi ni loi », a-t-il tranché.

Jugé depuis mercredi dernier, Jawad Bendaoud fait le show au tribunal correctionnel de Paris, entre interventions verbales virulentes et menaces à l’encontre d’avocats. Ou livre des anecdotes pour le moins surprenantes, comme celle où il raconte avoir « domestiqué un rat dans sa cellule », selon le témoignage d’une proche de victime présente au procès.

Le Quotidien/AFP