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Primaire de la droite en France : premier débat télévisé ce jeudi soir


Les sept candidats à la primaire de la droite en France. En haut (g. à d.) : Jean-Francois Copé, François Fillon, Alain Juppé, Nathalie Kosciusko-Morizet. En bas : Bruno Le Maire, Jean-Frédéric Poisson et Nicolas Sarkozy. (photo AFP)

Les sept candidats à la primaire de la droite française, étape-clé dans la course présidentielle, passent jeudi soir leur première épreuve du feu avec un débat télévisé très attendu, que l’ancien Premier ministre Alain Juppé aborde en favori face à l’ex-président Nicolas Sarkozy.

Les sept prétendants, six hommes et une femme, s’affronteront à partir de 21h sur le plateau de la chaîne privée TF1, selon des règles millimétrées, à moins de six semaines du premier tour de la primaire.

Jusqu’ici, Alain Juppé, 71 ans, fait la course en tête grâce à une campagne pondérée et à son image de rassembleur, appréciée par la droite modérée, le centre et même une partie de la gauche.

À quelques heures du débat, un sondage OpinionWay lui donnait une nette avance au premier tour de la primaire face à Nicolas Sarkozy (42% d’intentions de vote contre 28%), candidat autoproclamé « du peuple » contre « les élites bien-pensantes ».

L’enjeu de la primaire au sein de l’actuelle opposition de droite, prévue les 20 et 27 novembre, est majeur: son vainqueur a de fortes chances d’entrer à l’Elysée – le palais présidentiel – au printemps prochain.

Compte tenu du marasme à gauche, les sondages prédisent un second tour de la présidentielle entre le champion de la droite et la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen, puis la défaite de cette dernière au second tour.

Le ton monte

À l’approche de leur premier duel télévisé, le ton est singulièrement monté entre les deux poids lourds de la droite. Ces derniers jours, le maire de Bordeaux (sud-ouest) a critiqué les dernières propositions de référendums (sur les fichés pour radicalisation et sur l’immigration) de Nicolas Sarkozy, « pas à la hauteur des enjeux », et s’est aussi interrogé sur une volonté de « faire la courte échelle au FN (Front national, parti d’extrême droite) ».

L’ancien chef de l’Etat de 2007 à 2102, lui, a accusé Alain Juppé de « compromis avec la gauche ». Malgré les tensions, tous les candidats devront naviguer pendant le débat entre volonté de se distinguer et besoin de réunir les électeurs, pour ne pas compromettre le nécessaire ralliement autour du vainqueur de droite.

Chômage, terrorisme, immigration

Cette première joute doit être « un débat, pas un pugilat comme aux États-Unis », ce qui « donnerait une image désespérante de la vie publique », a souligné Thierry Solère, président du comité d’organisation de la primaire, en référence à la vulgarité inédite du duel américain Clinton-Trump.

Le format strictement chronométré du débat laissera de toute façon peu de place aux dérapages: au total, les candidats auront un gros quart d’heure pour s’exprimer, une minute pour répondre aux questions des journalistes et 30 secondes pour répondre aux interpellations des autres candidats. Ils seront attendus par les Français sur le chômage (41%), la lutte contre le terrorisme (29%) et l’immigration (27%), les trois principaux thèmes qu’ils souhaitent voir abordés, très loin devant l’identité (4%), selon l’institut de sondage Odoxa

Jeudi soir, ce sont les « petits » candidats qui ont le plus à gagner, estime Gaël Sliman, président d’Odoxa. Ainsi, deux ex-ministres quadragénaires, « Bruno Le Maire et Nathalie Kosciusko-Morizet, peuvent gagner en crédibilité », juge-t-il. Quant à l’ex-Premier ministre François Fillon, dont le discours « peine à imprimer » malgré sa stature, il pourra, selon le politologue, faire entendre sa petite musique libérale.

En revanche, « les deux favoris n’ont que des coups à prendre », met-il en garde. Alain Juppé, qui souffre d’une image d’homme froid et hautain, « ne doit pas donner le sentiment d’avoir déjà gagné, il doit se placer au-dessus de la mêlée », juge le spécialiste de l’opinion publique. Chef de l’Etat de 2007 à 2012, Nicolas Sarkozy, dont le discours droitier hérisse une partie de son camp, risque quant à lui « d’avoir tous les autres contre lui », selon l’analyste. Deux autres débats à sept sont prévus les 3 et 17 novembre et un dernier, entre les finalistes, le 24.

Le Quotidien / AFP