Le parquet reproche à cette sexagénaire d’avoir harcelé son ex-compagnon et de l’avoir injurié, notamment par la publication d’un livre où il apparaît comme acteur principal. Le début des faits remonte à l’année 2011. Année où le couple s’était séparé après plusieurs années de cohabitation.
À la barre, la prévenue Sophie* est revenue jeudi sur la fin de leur relation telle qu’elle l’a vécue. Début 2011, son compagnon Marc* lui propose de lui racheter l’appartement dans lequel ils vivent ensemble à Larochette. «Je n’ai pas réfléchi, j’ai signé le compromis», indique-t-elle. Fin octobre de la même année, le couple se rend donc chez le notaire pour la signature de l’acte. Pour qu’elle accepte de signer, son compagnon lui fait un testament en sa faveur – s’il lui arrive quelque chose, l’appartement lui reviendra. Testament qu’il révoque quelques jours plus tard.
C’est le 2 novembre 2011, au retour d’une promenade, que la rupture se concrétise. «En rentrant à l’appartement, il m’a dit que ce n’était plus ma porte. Sur le moment, j’étais effondrée, car j’étais heureuse avec lui.», a témoigné hier la prévenue. «Il ne répondait plus au téléphone, il n’ouvrait plus la porte. Il ne réagissait plus à rien.»
Sophie conteste toutefois avoir harcelé son compagnon en lui envoyant toute une série de SMS après la rupture : «La plupart des messages datent de 2011 quand nous étions encore ensemble.»
La prévenue est non seulement poursuivie pour harcèlement obsessionnel par SMS, courriels et appels téléphoniques, mais aussi pour avoir injurié Marc dans un livre, plus précisément un roman d’amour, dans lequel il apparaît comme personnage principal. Sophie nie toutefois avoir écrit sur lui. Elle n’aurait pas non plus envoyé l’ouvrage au bureau de la nouvelle compagne de Marc. Or la version de ce dernier, qui évoque un «livre diffamatoire», est tout autre. Contrairement à ce que raconte Sophie, il affirme ne pas avoir eu connaissance du livre pendant la durée de leur relation.
Il déclare avoir reçu plus de 70 SMS
Quant au harcèlement, il déclare avoir bien reçu plus de 70 SMS, en plus de multiples appels et courriels. Selon le témoin, la situation s’était calmée après l’arrêt de la cour d’appel de juillet 2013 qui a décidé que le livre n’avait plus le droit d’être commercialisé.
«Comme le couple n’existait plus, il n’y avait plus aucune raison de le contacter constamment», a plaidé la partie civile qui réclame au total 10 000 euros de dommages et intérêts ainsi que 1 500 euros d’indemnités de procédure.
Me Jean-Paul Rippinger, l’avocat à la défense de la prévenue, a quant à lui demandé l’acquittement. D’après lui, il n’y pas eu de harcèlement obsessionnel. Il remarque que la plupart des SMS ont été envoyés en 2011, donc quand la relation battait encore son plein. «Après plusieurs années de cohabitation, c’est normal qu’elle cherche une explication», a-t-il ajouté.
Dans son réquisitoire, le parquet a fini par retenir les infractions de harcèlement obsessionnel, d’atteinte à la vie privée et d’injures. «Ce n’est pas la quantité, mais la répétition qui compte», a noté la représentante du parquet. Quant au livre publié, elle note : «Il y a suffisamment d’éléments [indiquant] que c’est [bien Marc] qui est décrit.» Le parquet requiert une amende et une peine d’emprisonnement de six mois contre la prévenue. Le 2 juillet, le tribunal rendra son jugement.
Fabienne Armborst
* Les noms des protagonistes ont été modifiés.