Le gouvernement a donné son feu vert à la pêche de requins-tigres et bouledogues jusque dans la réserve naturelle marine de La Réunion, pour réduire les risques d’attaques de squales sur l’île.
Après le décès d’un adolescent de 13 ans happé par un requin dans une zone interdite à la baignade à la Réunion, le gouvernement a donné son feu vert à la pêche de requins-tigres et bouledogues jusque dans la réserve naturelle marine de l’île.
La ministre des Outremer, George Pau-Langevin effectue une visite à La Réunion ce vendredi. Elle a annoncé «huit initiatives» pour limiter le risque d’attaque. Sept personnes ont été tuées par des requins à la Réunion depuis 2011. «Le budget consacré aux actions financées par l’Etat dans le cadre du plan requin sera porté de 650 000 € à 1 million d’euros, soit 6 millions d’euros sur la période 2015-2020», a annoncé le ministère dans un communiqué.
Parmi les initiatives proposées, «l’Etat accompagnera financièrement les communes dans leurs investissements comme les « vigies requin renforcées », les filets de protection, voire d’autres techniques si leur efficacité est démontrée». «L’objectif est de mettre en place au plus vite, et en tout état de cause dès cette année, un site sécurisé à Saint-Paul, et d’accélérer la réalisation des projets de Saint-Pierre, de Saint-Leu et de Trois-Bassins», explique le ministère.
Une pêche ciblée dans la réserve marine
L’Etat s’engage en outre à «augmenter de 50% les sorties en mer dans le cadre de « Cap Requins », programme ciblé de pêche de requins-tigres et bouledogues réalisée par des professionnels». «Cette pêche sera autorisée par le préfet à l’intérieur de la Réserve naturelle marine», précise le ministère, ajoutant qu’«elle ne correspond cependant en aucun cas à une éradication qui est irréaliste et contraire aux engagements de la France en faveur de la biodiversité».
Cette zone était souvent accusée d’être «un garde manger» pour les requins qui n’avaient plus de prédateurs. La pêche par des professionnels y était en fait partiellement autorisée jusqu’à présent. «Le lien entre la réserve marine et les attaques n’a pas été prouvée et il est totalement hors de question de remettre en cause son existence», a toutefois précisé la ministre.
Cette ouverture de la réserve aux actions de pêche a néanmoins suscité l’indignation des scientifiques sur place.
Expertise scientifique
Autre initiative: «L’Etat augmentera son soutien aux programmes de connaissance et d’expertise scientifique, notamment pour étendre le réseau de stations d’écoute et mieux suivre les mouvements de squales et pour mieux évaluer les stocks de requins aux abords de La Réunion».
La ministre des Outre-mer a aussi assisté en mer au large de la plage des Roches Noires (Saint-Gilles, commune de Saint-Paul) à la mise en situation du dispositif expérimental de protection des zones de baignades. Regroupant des vigies immergées, des caméras sous-marines, des bateaux de surveillance, ce dispositif devrait entrer en vigueur «très prochainement» sur les spots de Saint-Paul et être ensuite étendu aux communes de Trois Bassins, Saint-Leu et Saint-Pierre.
AFP