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Passeports diplomatiques : Benalla refuse de répondre aux questions du Sénat


Alexandre Benalla, se disant "très respectueux des institutions", souhaite en conséquence réserver ses réponses aux juges. (photo AFP)

Alexandre Benalla a refusé obstinément lundi de répondre aux questions de la commission d’enquête sénatoriale sur l’attribution de ses passeports diplomatiques, au motif qu’elles relevaient de l’information judiciaire qui est ouverte, s’attirant les remontrances du président Philippe Bas.

« Les conditions d’attribution, de détention et d’obtention, ainsi que de restitution de ce passeport concerne l’information judiciaire en cours », a répondu Alexandre Benalla, interrogé par le rapporteur Jean-Pierre Sueur (PS) sur les conditions du renouvellement d’un passeport diplomatique en juin 2018. « Je ne répondrai pas à ces questions devant votre commission, j’en suis désolé », a déclaré l’ancien chargé de mission de l’Élysée, réitérant ensuite à plusieurs reprises ce refus, malgré l’insistance du président de la commission Philippe Bas (LR) et du rapporteur Jean-Pierre Sueur.

« Je respecte le cadre qui m’a été conseillé par mon avocate de ne pas faire d’auto-incrimination. Dès lors que vous êtes mis en cause par la justice, toutes les déclarations que je peux faire devant vous sous serment peuvent être retenues contre moi par la justice ultérieurement », a ajouté Alexandre Benalla. Il avait été mis en examen cet été pour des violences sur des manifestants le 1er mai et de nouveau mis en examen vendredi, cette fois pour utilisation abusive de passeports diplomatiques après son licenciement de l’Élysée.

« Vous êtes obligé de répondre », lui a signifié Philippe Bas. « Elles concernent le fonctionnement de l’État et non pas des fautes que vous auriez pu commettre et elles ne sont donc pas reliées à cette information judiciaire ».

Passible de deux ans de prison et 7 500 euros d’amende

« Excusez-moi, mais je ne pourrai pas répondre à cette question parce que, contrairement à ce que vous affirmez, la justice s’intéresse aux conditions de délivrance, d’obtention de l’ensemble des passeports », a rétorqué Benalla, se disant « très respectueux des institutions » et en conséquence souhaitant réserver ses réponses aux juges.

« Vous avez une conception singulière du respect des institutions », a commenté Philippe Bas, prenant acte de « l’obstination » de l’intéressé « à ne pas répondre aux questions des sénateurs ». « Ces passeports ont été délivrés normalement », a fini par lâcher Alexandre Benalla, alors que Philippe Bas estimait que son silence pouvait laisser penser que la question le gênait.

Les passes d’armes se sont répétées à plusieurs reprises et jusqu’à la fin de l’audition. « Je suis persévérant et vous vous êtes obstiné », a constaté le président de la commission. « Vous vous abritez derrière la mission de la justice quand ça vous arrange », a-t-il accusé. « Nous aurons à délibérer de la manière dont vous n’avez pas répondu à des questions dont j’estime qu’elles relèvent de notre commission d’enquête », a menacé le président, rappelant que « la personne qui refuse de déposer devant une commission d’enquête est passible de deux ans d’emprisonnement et 7 500 euros d’amende ».

« Je fais un choix qui est celui conseillé par mes avocats », a défendu Alexandre Benalla. L’ancien chargé de mission a également refusé de répondre aux questions ayant trait à ses activités professionnelles postérieures à son départ de l’Élysée. « Le fait que vous ne répondiez pas engendre le soupçon » sur ces activités, a estimé Jean-Pierre Sueur.

LQ/AFP

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