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Paris suspects dans le handball : l’heure des réquisitions contre Karabatic


De gauche à droite : le joueur serbe Mladen Mojinovic, Nikola Karabatic et son avocat Jean-Robert Phung, et Françoise Delran, avocate d'un autre joueur, au tribunal de Montpellier ce lundi 22 juin. (photo AFP)

Le procureur de la République Patrick Desjardins doit prendre lundi devant le tribunal de Montpellier ses réquisitions dans l’affaire des paris suspects liés au match présumé truqué de mai 2012 entre Cesson et Montpellier. Seize prévenus, dont huit joueurs parmi lesquels l’icône du handball français Nikola Karabatic qui a été la cible principale de la partie civile lundi matin, sont poursuivis dans ce dossier pour « escroquerie » ou « complicité d’escroquerie ».

Ils encourent tous 5 ans de prison et 375 000 euros d’amende ainsi que l’interdiction pendant 5 ans d’exercer l’activité professionnelle ayant permis l’infraction. La justice soupçonne un arrangement des Montpelliérains lors du match de D1 Cesson-Montpellier, le 12 mai 2012, qui a donné lieu à des paris portant sur le score en faveur de Cesson à la mi-temps (15-12), avec quelque 300 000 euros de gains au détriment de la Française des jeux (FDJ).

Tête d’affiche de dossier, Nikola Karabatic avait été protégé pendant la première semaine de débats par une forteresse édifiée par sa compagne Géraldine Pillet ou encore son frère Luka Karabatic. Selon eux, tout s’était fait à l’insu du joueur du FC Barcelone. « Ce qui m’a le plus touché, c’est qu’on puisse penser que j’ai truqué un match. C’est inadmissible » et « contraire à mes valeurs », a clamé le champion olympique, du monde et d’Europe en titre, soulignant qu’il ne « parierait jamais contre son équipe » et qu’il s’était « mis en colère » en apprenant l’existence desdits paris.

C’est cette version que Me Thierry Herzog, avocat de la FDJ et certain de l’existence d’une « tricherie organisée » a vivement contesté lundi. « Qui peut sérieusement penser que le champion (Nikola) Karabatic embourbé dans cette affaire n’a jamais visionné ce match (avant l’audience, NDLR)? Pourquoi n’a-t-il pas demandé aussitôt une expertise, lui le spécialiste du handball, le capitaine de l’équipe ? (…) » pour venir tout de suite s’expliquer, s’est interrogé le représentant de la FDJ.

Jeudi, le leader des Experts, surnom de l’équipe de France, avait combattu avec force le rapport de l’ancien arbitre Nordine Lazaar, et du professeur agrégé d’EPS, Johann Rage. Ces deux spécialistes avaient été nommés par le juge pour analyser la période litigieuse.

« Le hasard tue le hasard »

Sur un ton quasi professoral, l’actuel joueur du FC Barcelone avait démonté de nombreux aspects techniques. Puis de lancer: « J’aurais aimé que ce match soit expertisé par des vrais spécialistes, des entraîneurs ou des joueurs de haut niveau ».

Les deux hommes qui avaient noté dans leur expertise une « convergence d’indicateurs anormaux, trop curieuse pour être innocente et conjoncturelle » avaient cependant nuancé leurs conclusions à la barre, reconnaissant n’avoir « pas la certitude à 100% » de la tricherie.

L’autre élément à charge contre le meilleur joueur du monde, selon Me Herzog, le retrait le 9 mai 2012 par Karabatic de 1 500 euros, soit exactement la somme jouée par sa compagne. Avec une raison invoquée qui « ne tient pas »: la nécessité de payer une location en juin à Ibiza.

« Il avait le temps pour procéder à ce retrait (…) les jours suivants. Bien-sur, le hasard existe, mais trop de hasard tue le hasard », a-t-il insisté, allusion aussi aux versions différentes de tous les prévenus sur les raisons des appels téléphoniques et l’horaire des paris, le 12 mai, tous autour de 10 heures.

La Fédération, la Ligue et le club, autres parties-civiles, ont elles plaidé pour défendre leur place de « victimes », un statut que leur dénie depuis le début du procès la défense. Me Frédéric Landon, défenseur de Dragan Gajic les avait même qualifiés de « passagers clandestins » car l’escroquerie n’est retenu par la justice n’est qu’au préjudice de la FDJ.

Le club a réclamé la somme de 1 246 391 euros de dommages et intérêts, 500 000 euros en raison de la perte d’un sponsor maillot. La FDJ a elle demandé un euro pour l’image mais aussi le remboursement des sommes gagnées.

AFP

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