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Panama Papers : en Islande, l’opposition teste sa capacité à mobiliser


Manifestation devant le Parlement le 8 avril 2016 à Reykjavik. (Photo : AFP)

L’opposition en Islande teste samedi sa capacité à mobiliser avec une grande manifestation antigouvernementale prévue à Reykjavik, pour le sixième jour consécutif après la publication des «Panama Papers» qui ont fait tomber le Premier ministre.

Alors que la majorité de droite a décidé de se maintenir au pouvoir en nommant simplement un nouveau chef de gouvernement, les partisans de nouvelles élections sont appelés à se rassembler devant le parlement à partir de 14H00 GMT.

La manifestation, comme celles qui ont eu lieu au même endroit tous les jours depuis lundi, doit se faire sans drapeau de parti ou d’organisations. En janvier 2009, un autre mouvement spontané, surnommé «révolution des casseroles», à force d’obstination, avait contraint le gouvernement de droite à abandonner les commandes.

Lundi, la police avait compté 8 000 personnes et les manifestants 22.000. Cette mobilisation historique avait poussé à la démission Sigmundur David Gunnlaugsson, Premier ministre dont le Consortium international des journalistes d’investigation (Icij) a montré qu’il avait des avoirs dans un paradis fiscal.

Son successeur Sigurdur Ingi Johannsson bénéficie de 23% d’opinions favorables, selon une enquête de l’université de Reykjavik réalisée jeudi et vendredi. La moitié des Islandais (51%) souhaitent une élection législative en mai ou juin pour le voir partir au plus tôt, tandis qu’un quart (26%) sont d’accord avec lui pour les organiser à l’automne, et presque autant (23%) souhaitent que la législature aille jusqu’à son terme au printemps 2017.

L’opposition de gauche et centriste a perdu une bataille vendredi avec le rejet d’une motion de censure que ses députés ont défendue avec passion au parlement, en vain face à une droite qui reste unie dans la tourmente.

«Nous dans l’opposition sommes au moins en complet accord sur la situation. Il se trouve que le pays est d’accord avec nous», a lancé Steingrimur Sigfusson, du Mouvement gauche-Verts.

Le gouvernement «ne peut pas prétendre inspirer la confiance tant qu’il n’aura pas renouvelé son mandat» par des élections, a estimé Helgi Hrafn Gunnarsson, du Parti pirate, la formation qui a le vent en poupe avec 43% d’intentions de vote.

600 Islandais concernés

En composant son équipe, M. Johannsson, ignorant les appels à un renouvellement de la classe dirigeante, a procédé à des changements cosmétiques. Comme il était ministre de l’Agriculture, il a cédé la place à son collègue des Affaires étrangères, ce qui a entraîné l’arrivée d’une nouvelle chef de la diplomatie.

Les manifestants réclament donc toujours la tête du ministre des Finances Bjarni Benediktsson, cité dans les «Panama Papers» comme actionnaire d’une société aux Seychelles, et de sa collègue de l’Intérieur, Olöf Nordal, commanditaire avec son mari d’une société au Panama. Tous deux disent n’avoir mené aucune transaction par ces canaux.

Selon la chaîne de télévision suédoise SVT, partenaire de l’Icij, pas moins de 600 Islandais sont cités dans les «Panama Papers», record mondial rapporté à la population à en croire un journaliste islandais associé à cette enquête.

On y trouve par exemple Finnur Ingolfsson, ancien gouverneur de la banque centrale et ex-ministre de l’Industrie, Robert Wessman, PDG du groupe pharmaceutique Alvogen, et Eggert Skulason, journaliste du quotidien DV qui, ironie de l’histoire, a été le premier à publier une capture d’écran de la liste des 600.

colère des Islandais reflète l’ampleur du scandale des sociétés «offshore» dans la petite nation insulaire (320.000 habitants) qui se remet progressivement de la crise financière de 2008 et de l’effondrement de son système bancaire.

Dans ce contexte, la libération anticipée jeudi de trois anciens dirigeants de la banque islandaise Kaupthing, condamnés pour des délits financiers, a fait grincer des dents.

Ils ont été élargis après avoir purgé un quart ou moins de leur peine, bénéficiant d’une loi entrée en vigueur en mars qui limite le temps d’incarcération. «Nous savions que ces mesures allaient faire polémique. Personnellement, elles me mettent mal à l’aise», a réagi la députée gauche-verts Bjarkey Olsen Gunnarsdottir, membre de la commission des lois au Parlement.

Le Quotidien/AFP

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