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Ouverture du procès d’un double braquage à plus de 100 millions d’euros


Le procès du double braquage de la bijouterie Harry Winston en 2007 et 2008, l’un des plus importants au monde avec plus de 100 millions d’euros de préjudice, s’est ouvert mardi devant la cour d’assises de Paris.

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Mouloud Djennad, l’agent de sécurité chez Harry Winston, et son avocat. (Photo : AFP)

Huit hommes sont jugés pour ces deux affaires. Ils risquent 30 ans de prison pour six d’entre eux, et la perpétuité pour les deux autres, récidivistes. Mais seul l’un d’entre eux, Douadi Yahiaoui dit « Doudou », 50 ans, considéré comme le cerveau du casse, comparait détenu. Les autres, qui ont déjà purgé deux à trois ans de détention provisoire, sont arrivés à pied au tribunal. Tous se ressemblent: cheveux ras, fortes carrures, vêtus de jeans et de gros pulls d’hiver. Interrogés par la présidente, ils affirment être prêts à s’expliquer. Quatre ont reconnu tout ou partie des faits et quatre se disent innocents.

Le 6 octobre 2007 au matin, quatre malfaiteurs armés et cagoulés, vêtus de combinaisons de peintres, braquaient les membres du personnel d’Harry Winston qui venaient de prendre leur service dans cette bijouterie de l’avenue Montaigne, luxueux quartier de Paris. Avec la complicité d’un vigile, ils s’étaient introduits la veille par une porte de service et avaient passé la nuit dans l’établissement. Après avoir menacé, frappé puis ligoté les employés et contraint le directeur à désactiver les alarmes et ouvrir les coffres, ils s’emparaient de 120 montres et 360 pièces de joaillerie, un butin estimé à plus de 32 millions.

Un an plus tard, le 4 décembre 2008, quatre hommes dont trois affublés de vêtements féminins et perruques pénétraient dans la boutique, cette fois par l’entrée principale, avec la complicité du même agent de sécurité. En moins de vingt minutes, ils s’emparaient de 104 montres et 297 pièces de joaillerie estimées à 71 millions d’euros avant de prendre la fuite à bord d’une voiture où les attendait un complice. Après cinq ans d’enquête, 493 pièces n’ont pas été retrouvées. La société Harry Winston et son assureur Watkins Syndicate ainsi que plusieurs employés sont parties civiles.

> « Bas résille et talons hauts »

C’est dans le pavillon de « Doudou » que les policiers ont mis la main sur la plus grande partie du butin récupéré. « Mon client ne se dit pas innocent mais ne veut pas porter un chapeau plus grand que sa tête », a expliqué à l’AFP son avocat, Frédéric Trovato. « Sur le premier casse, il reconnaît que le vigile est venu lui proposer l’affaire mais il n’a pas eu le cran de s’immiscer dans le projet et s’est contenté de lui présenter des connaissances. Pour le second, il reconnaît également avoir collecté les informations auprès du vigile, les avoir transmises aux braqueurs et s’être mis d’accord avec eux pour cacher les bijoux et les écouler ou tenter de les écouler. Mais il n’a pas pris part aux braquages », a-t-il assuré.

Plusieurs membres de sa famille figurent parmi les accusés: son beau-frère, Patrick Chiniah, 40 ans, son frère, Mohammed Areski Yahiaoui, 59 ans, et le fils de ce dernier, Faudile Yahiaoui, 28 ans. L’autre personnage clef du dossier, Mouloud Djennad, 39 ans, agent de sécurité chez Harry Winston, a reconnu avoir fourni des informations qui ont favorisé les braquages. « Il ne se passe pas un jour sans qu’il pense à cette affaire et il appréhende sa confrontation avec ses anciens collègues. Il attend sa sanction pour pouvoir sortir de tout ça », a confié son avocat, Philippe Stepniewski.

Les derniers mis en cause sont Karim Debaa, 32 ans, et Farid Allou, 49 ans, qui ont reconnu les faits et Hassen Belferroum, 32 ans, qui les nie mais dont l’ADN a été retrouvé sur un sac à main laissé sur place lors du second braquage. « C’est une affaire exceptionnelle avec des aspects singuliers », a souligné Eric Dupond-Moretti, avocat de Debaa: « dans les séries télévisées sur les braquages, ils ont des gilets pare-balles. Ici, c’est bas résille et talons hauts ».

AFP