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Morano privée d’investiture, les Républicains veulent tourner la page


Nadine Morano, ici au Parlement européen le 7 octobre. (photo AFP)

Les responsables des Républicains (LR) se sont livrés jeudi à un exercice d’équilibriste pour justifier le retrait de l’investiture de Nadine Morano aux régionales après ses propos sur la « race blanche », pressés d’en finir avec cette embarrassante affaire mais toujours suspendus à la contre-attaque de l’intéressée.

Silencieuse depuis son éviction comme tête de liste en Meurthe-et-Moselle, l’eurodéputée sera l’invitée du JT de TF1 ce jeudi soir. Elle devrait être aussi démise prochainement par le président du parti, Nicolas Sarkozy, de ses fonctions de secrétaire départementale en Meurthe-et-Moselle, selon un ténor du parti. Nadine Morano, qui n’a pas assisté mercredi à la réunion de la Commission nationale d’investiture (CNI), aurait bel et bien fait parvenir un « texte » à Nicolas Sarkozy comme l’avait indiqué Michèle Alliot-Marie.

« Mme Morano a semble-t-il adressé un texte au président des Républicains dans l’après-midi qui ne portait ni en-tête ni signature, alors qu’on attendait une lettre en bonne et due forme », a confirmé jeudi Henri Guaino, sans plus de précisions sur son contenu.

Le président de l’UDI Jean-Christophe Lagarde a pour sa part affirmé qu’une lettre de regrets de Nadine Morano n’aurait rien changé à la détermination des centristes. « Avec mon ami Laurent Hénart, avec les élus UDI de la région, avec beaucoup d’élus Républicains de la région, même si cette lettre avait été signée, nous n’aurions pas pu rester dans une liste qui aurait pu inclure Mme Morano », a-t-il souligné. « Nous aurions fait une autre liste ».

« Je pense qu’elle a bien de la chance que le général de Gaulle soit décédé, parce que sinon elle s’en serait pris une bonne », a-t-il lancé, alors que Mme Morano met en avant ses « convictions gaullistes ». Philippe Richert, candidat LR à la présidence du Grand Est avait prévenu que lui et ses têtes de liste départementales démissionneraient si l’investiture de Mme Morano était confirmée. « La page est tournée. Nous avons perdu 15 jours de campagne des régionales. Je ne veux pas me mêler d’une affaire nationale qui concerne des stratégies personnelles en vue de la primaire de 2016 », a-t-il affirmé.

Une sanction « proportionnée »

« Il n’y avait pas d’autre solution. Un parti politique, c’est d’abord des convictions, une philosophie de la vie et les mots ont leur importance », a justifié Eric Woerth.

« Nadine est une militante, c’est quelqu’un pour laquelle on a pour beaucoup de l’affection, mais il y a des mots qui dépassent le socle de nos convictions et qui ne peuvent pas être acceptés. On ne peut pas dire que la France est une race. On a aussi un devoir pédagogique vis-à-vis de nos propres électeurs si certains le pensent. Il fallait trancher, Nadine reste parmi les Républicains, il y a une sanction qui est proportionnée, mais elle ne peut pas porter nos couleurs lors d’une élection », a-t-il développé.

« Il était nécessaire que notre famille politique dise qu’elle ne se reconnaissait pas dans ces propos », a déclaré de son côté Henri Guaino, soulignant que « c’est la phrase elle-même » (« la France, pays de race blanche ») qui était jugée et qu’il ne s’agissait pas « de faire le procès de Nadine Morano ».

Le député des Yvelines a pris soin d’expliquer la sanction auprès des « Français angoissés, qui sentent leur identité menacée »: « Si nous l’avions assumée (la phrase, NDLR), cela voulait dire que nous acceptions le retour de la biologie et de la pureté dans le discours politique. Rendez-vous compte, ce ne serait pas le Front national qui l’aurait fait, mais Les Républicains. Quel paradoxe! ».

Reste que la réaction a été tardive de la part de Nicolas Sarkozy, qui a tergiversé à la veille de la sanctionner. « Il s’est tiré une balle dans le pied et a perdu sur les deux tableaux: vis-à-vis des +centristes+ mais aussi de l’aile la plus à droite », juge un responsable LR.

François Fillon, qui a souvent reproché à Nicolas Sarkozy de ne pas savoir trancher quand il était président, n’a pas caché son agacement: « J’en ai par dessus la tête d’entendre parler de cette affaire Morano », a lancé l’ancien Premier ministre, dénonçant « cette volonté tout d’un coup du système politico-médiatique de faire taire quelqu’un ».

 

AFP / S.A.

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