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Migrants : accord de l’UE pour recourir à la force contre les passeurs en Méditerranée


(Illustration : DR)

L’Union européenne a approuvé lundi le recours à la force militaire contre les passeurs de migrants qui opèrent à partir de Libye, y compris en saisissant leurs bateaux, dans le cadre d’un renforcement de son opération navale en Méditerranée.

« Cette importante transition permettra à l’opération navale de l’UE contre les passeurs et les trafiquants en Méditerranée d’arraisonner, fouiller, saisir et dérouter les embarcations soupçonnées de servir à la traite humaine, dans le cadre du droit international », a indiqué le Conseil de l’UE dans un communiqué.

Les bâtiments de guerre européens pourront également procéder à des arrestations, mais à condition de ne pas entrer dans les eaux territoriales libyennes, selon des sources européennes.

Lors d’une réunion ministérielle lundi matin à Bruxelles, les 28 Etats membres de l’UE ont estimé que les conditions étaient désormais réunies pour passer à la deuxième phase, en haute mer, de leur opération EU Navfor Med lancée fin juin en Méditerranée.

Jusqu’ici, l’opération forte de quatre navires et d’un millier d’hommes était cantonnée à la surveillance à partir des eaux internationales des réseaux criminels qui envoient chaque jour, à partir des côtes libyennes, des embarcations précaires chargées de migrants vers l’Italie.

Elle a aussi participé à plusieurs opérations de secours, contribuant à sauver 1 500 personnes. Selon l’ONU, 121 000 migrants sont arrivés en Italie sur des bateaux de fortune partis de Libye depuis le début de l’année, soit environ 450 personnes par jour.

Plusieurs naufrages tragiques ont choqué l’opinion, dont celui en avril d’un chalutier qui a fait 800 morts, après lequel les Européens ont décidé de lancer EU Navfor Med.

Si l’amplification de la crise cet été avec l’arrivée de dizaines de milliers de réfugiés en Hongrie et en Grèce a pu diviser les Européens sur la question de leur accueil, les 28 sont en revanche « déterminés » à aller de l’avant sur le plan militaire au large de la Libye.

« Les cibles ne sont pas les migrants mais ceux qui gagnent de l’argent sur leurs vies et, trop souvent, sur leurs morts », avait souligné la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, lors du lancement de l’opération.

Pour monter en puissance, sept frégates supplémentaires sont nécessaires, dont certaines équipées d’installations médicales, ainsi que des hélicoptères, des sous-marins et des drones.

EU Navfor Med s’appuiera surtout sur des forces spéciales, les commandos marine, pour l’arraisonnement forcé des navires des passeurs, une tactique souvent utilisée dans les opérations contre les narcotrafiquants. Les états-majors des 28 pays de l’UE doivent se réunir mercredi pour faire le point sur les contributions en hommes et en matériel de chacun.

Mais la deuxième phase de la mission ne pourra pas être lancée avant début octobre, selon une source diplomatique, car l’UE doit encore adopter une série de textes juridiques. Il est d’ores et déjà prévu que les suspects seront remis aux autorités judiciaires italiennes, chargées de les poursuivre. Les migrants sauvés seront également conduits en Italie.

L’opération est censée in fine détruire les embarcations utilisées par les trafiquants au plus près des côtes libyennes, notamment les « bateaux mères » qui servent à tracter en haute mer des radeaux de fortune chargés de migrants. Mais, en l’absence d’une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU autorisant l’usage de la force dans les eaux territoriales libyennes, les Européens ne peuvent pour l’heure s’approcher à moins de douze miles marins des côtes.

AFP/M.R.

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