Même si la méfiance envers les vaccins persiste en France, selon une enquête mondiale publiée mercredi, les autorités sanitaires veulent croire à un retour de balancier, grâce à l’augmentation du nombre de vaccins obligatoires chez les enfants instaurée début 2018.
« La confiance revient », a assuré mi-avril la ministre de la Santé Agnès Buzyn. Elle dévoilait alors les premiers chiffres de vaccination depuis le passage de trois à 11 vaccins obligatoires pour les enfants nés après le 1er janvier 2018. Selon ces chiffres provisoires, 98,6% des enfants nés entre janvier et mai 2018 sont couverts par le vaccin dit « hexavalent » (qui protège contre six maladies dont le tétanos et l’hépatite B), contre 93,1% avant l’extension de l’obligation vaccinale.
La couverture contre les infections à méningocoque C est, elle, estimée à 75,7%, contre seulement 39,3% pour la même période en 2017. Résultat : le nombre de cas de méningites à méningocoque C touchant des enfants de moins d’un an est passé de 17 en 2017 à quatre l’an dernier.
Les données concernant le vaccin ROR (rougeole, oreillons, rubéole) ne sont pas encore disponibles, car la vaccination intervient à partir de l’âge d’un an. Pour autant, cette vaccination a progressé pour les enfants qui ne sont pas soumis à l’obligation vaccinale car nés avant le 1er janvier 2018. Pour les enfants qui ont eu un an en 2018, le taux de couverture pour la première dose du vaccin ROR est passé de 85% à 87,2%.
67 % des parents favorables aux 11 vaccins obligatoires
Parallèlement à ces résultats, l’agence sanitaire Santé publique France a publié en avril des sondages menés sur des parents d’enfants de moins de deux ans. Deux tiers d’entre eux (67%) déclarent être aujourd’hui favorables au passage à 11 vaccins obligatoires, dont certains qui ne l’étaient pourtant pas avant l’entrée en vigueur de la mesure. En outre, 91% considèrent que la vaccination est importante pour la santé des enfants (+5 points par rapport à juin 2018).
Selon les autorités sanitaires, ces résultats montrent que l’augmentation de l’obligation n’a pas eu d’effet contre-productif dans l’opinion. Ce point est plutôt surprenant, souligne l’historien des sciences Laurent-Henri Vignaud. « Au niveau historique, on constate que plus on prend de mesures d’obligation, plus le mouvement anti-vaccins se renforce », explique-t-il à l’AFP.
Selon lui, l’effet inverse observé en 2018 vient du fait que l’Etat a clarifié son discours en augmentant le nombre de vaccins obligatoires. « Le message est désormais clair : l’Etat fait confiance aux vaccins, c’est une mesure de santé publique et c’est fiable », analyse M. Vignaud, coauteur en janvier du livre « Antivax, la résistance aux vaccins du XVIIIe siècle à nos jours » (éd. Vendémiaire). Au rayon des déceptions, les autorités sanitaires citent toutefois la vaccination contre la grippe.
Le taux de couverture de la population à qui ce vaccin est recommandé (plus de 65 ans, certains malades chroniques, femmes enceintes et personnes souffrant d’obésité morbide) est de 50%, très en deçà des 75% préconisés par l’OMS. Les pouvoirs publics espèrent faire remonter ce chiffre grâce à la généralisation de la vaccination contre la grippe en pharmacie, dès l’automne prochain
LQ / AFP