Ils espèrent la relaxe, au pire une condamnation de principe avec dispense de peine. Entretien avec François Thiery, porte-parole du comité de soutien au lanceur d’alerte Antoine Deltour, un des trois inculpés du procès LuxLeaks qui s’est ouvert ce mardi à Luxembourg.
Ils sont « une quinzaine de membres très actifs », militants d’ONG ou proches d’Antoine Deltour, mais revendiquent bien davantage de sympathisants. Basés du côté d’Épinal, dont est originaire Antoine Deltour, les soutiens à l’ex-employé de PwC se sont mobilisés ce mardi matin pour faire du bruit devant le tribunal de Luxembourg. « Merci Antoine ! Merci Antoine ! », chante en chœur la petite centaine de personnes présentes.
Ex-élu lorrain chez les Verts, François Thiery, 56 ans, est l’un des trois porte-paroles du comité. Selon cet agriculteur investi dans le bio, le procès LuxLeaks dépasse le simple vol de données reproché à Antoine Deltour : « Ce procès doit servir à faire réagir les Etats et les citoyens sur cette injustice fiscale. Le Luxembourg a déjà mis des choses en place suite à cette affaire, l’Europe aussi à travers la commission TAXE. Il faut que ça aille plus loin. C’est peut-être aujourd’hui le jour d’après. »
Même si Antoine Deltour reconnaît avoir volé des données pour les mettre sur la place publique, François Thiery estime que l’affaire n’est pas pliée. « Les juges ont à dire quelque chose. Soit ils restent sur le fait qu’il a détourné des données, et alors la condamnation ne peut pas être excessive, soit ils prennent en compte dans leur jugement la qualité des données volées, et nous espérons la relaxe. Ce serait un jugement plus politique et c’est ce qui nous intéresse », plaide le porte-parole du comité, qui réclame une harmonisation européenne sur les questions des lanceurs d’alerte et de la fiscalité.
« De l’hypocrisie pure et simple »
Aussi, François Thiery ne comprend pas le silence du Président et du Premier ministre français sur ce dossier, alors même que François Hollande a récemment eu un mot reconnaissant à l’égard des lanceurs d’alerte – encore inconnus – de l’affaire Panama Papers : « Le Panama étant loin, ça ne l’a pas dérangé. Ce pays n’ayant pas de relation poussée avec la France, ce n’est pas bien grave de se fâcher avec eux. C’est de l’hypocrisie pure et simple. »
Selon lui, les dirigeants français devraient intervenir : « Le Luxembourg ne se prive pas d’interroger la France sur sa politique nucléaire, et il a raison. Pourquoi la France ne pourrait-elle pas interroger le Luxembourg sur sa politique fiscale ? Nous avons en France des gens qui n’ont pas le courage nécessaire pour affronter les événements. »
Sylvain Amiotte