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[Luxemburgensia] Un miracle pour celui qui le mérite

Partout où les jésuites apparaissent, la ferveur religieuse mariale se déchaîne quand les circonstances du monde profane en crise (guerres, révolutions, épidémies) s’y prêtent. Le bas peuple ne demande pas mieux.

À la même époque que les apparitions de Fatima (Portugal, 1917), les mysticismes, au Luxembourg aussi, battaient leur plein : la religieuse Clara Moes qui vivait au couvent du Limpertsberg, une mystique, avait du mal à faire reconnaître tant par ses sœurs que par les autorités hiérarchiques ecclésiastiques ses miracles présumés. Pas étonnant que l’évêque de Luxembourg de l’époque (prudent et sceptique) s’opposait à la reconnaissance d’une apparition mariale sur le site de Notre-Dame des Mineurs à Kayl (au fond du monument laïque; une chapelle a même été érigée par les soins du père de la jeune fille – un hôtelier local, dont on peut deviner la pensée lucrative de lancer, à long terme, un pèlerinage).

L’imposture de Fatima a été d’innombrables fois évoquée – même les journalistes de L’Osservatore Romano avaient du mal à y croire. En 1977, pour le 60e anniversaire, l’historien Gérard de Sède démontra dans une maison d’édition française (chez Alain Moreau, Paris 4e) le mécanisme de la supercherie, dont les premières victimes furent trois enfants bergers.

N’est-il pas étonnant que parmi toutes les apparitions, celle de Fatima (et non pas celle de Lourdes) joue pour l’Église catholique romaine un rôle primordial. Sachant que le mouvement intégriste autour de Mgr Lefebvre est pour la France l’élément clé dans la dévotion, l’on comprendra mieux aussi l’engouement dévotionnel du clergé local luxembourgeois.

Jean Rhein