L’historien Henri Wehenkel ouvre son livre Entre chien et loup avec la biographie de Théo Kerg («L’homme qui fâche»). Le fils de ce dernier, Carlo, continue à tout faire pour réhabiliter la mémoire de son père.
Certes Théo Kerg, professeur d’éducation artistique au lycée de garçons d’Esch-sur-Alzette, avait eu du mal à démarrer sa carrière dans l’enseignement officiel dans les années 1930. À un certain moment, il jettera tout : il démissionne de la VdB (Volksdeutsche Bewegung) et de l’enseignement, pour se retirer discrètement avec sa petite famille dans l’est du pays, où après la Libération, la milice le retrouve et l’arrête. Interdit d’exposer au Luxembourg, finalement, Théo Kerg, artiste doué, quitte le pays et se retire à l’étranger (Paris), où il tient de nombreuses expositions et où ses œuvres trouvent le succès mérité, malgré le boycott maintenu à Luxembourg contre lui.
On peut se demander sérieusement si Kerg avait vraiment été un nazi. Il est vrai qu’il revêtait «l’uniforme» du VdB (pantalon noir et chemise blanche) et l’insigne VdB, comme des milliers d’autres compatriotes conformistes qui n’ont pas été inquiétés dans l’après-guerre.
Des propos nazis que Kerg aurait tenus ne sont pas connus de sa part, bien au contraire, tout imprudent qu’il était dans ses propos, cela lui a d’ailleurs valu des ennuis de la part des autorités locales du parti nazi à Esch-sur-Alzette. Malgré lui, Théo Kerg, ancien membre du Parti communiste, polarisait les avis. Ses talents manifestes et son succès artistique à l’étranger lui valurent bien des jalousies dans le petit monde luxembourgeois qui ne le comprenait pas et où on fait tout pour l’oublier.
Jean Rhein