Est-ce trop demander que le Comité pour la mémoire de la Seconde Guerre mondiale définisse la notion de fascisme? Même s’il risque de se lancer dans la dispute des historiens. Et pour cause. Le terme de national-socialisme prête à confusion, puisqu’il renvoie à un amalgame: au début de leur carrière, de nombreux nazis avaient des accointances avec le syndicalisme ouvrier.
De nos jours encore, il y a des trolls sur les réseaux asociaux qui imaginent que le nazisme allemand aurait vaincu le chômage de masse par ses grands travaux (les autoroutes, par exemple). Au contraire : les nazis ont vidé les fonds de pension pour financer les ouvrages qui servaient à la préparation de la guerre.
Définir le fascisme, c’est décrire la base socio-économique d’un phénomène qui risque de renaître à n’importe quel moment. C’est là que le bât blesse. Car ce fascisme a également existé dans notre pays.
Il se retrouve dans les personnalités qui, dans l’administration d’avant-guerre, ont collaboré volontairement avec les nazis; il se retrouve dans tel ecclésiastique qui a fourni des listes d’opposants socialisants à l’occupant; il se retrouve dans tel directeur de l’ARBED qui, avec le consentement de ses pairs, a entretenu des relations plus qu’amicales avec l’industrie lourde allemande de la Ruhr et avec les autorités centrales de Berlin; et il se retrouve enfin dans la personnalité des banquiers qui ont retenu les fonds des juifs et qui continuent d’être complices en faisant la sourde oreille aux justes revendications contemporaines.
Jean Rhein