L’équipe de Zinédine Zidane va défier la Juventus Turin en finale de la Ligue des champions après avoir résisté mercredi à son voisin l’Atletico, qui a dominé la demi-finale retour (2-1) sans pouvoir remonter sa défaite de l’aller (3-0).
Pour l’ultime soirée européenne du vieux stade Vicente-Calderon, achevée sous la pluie et dans les larmes côté « Atleti », un but à l’extérieur d’Isco sur un récital de Karim Benzema (42e) a suffi pour doucher la furia des « Colchoneros ». Ces derniers menaient pourtant 2-0 après un quart d’heure de jeu grâce à Saul (12e) et Antoine Griezmann sur penalty (16e).
Voilà le Real sur orbite: début juin à Cardiff, le club merengue visera sa « Duodecima », c’est-à-dire son 12e titre en C1. Ce serait son troisième sacre en quatre ans, avec le rêve de devenir la première équipe depuis l’AC Milan en 1990 à conserver sa couronne continentale.
« C’est mérité et nous voilà en finale », s’est réjoui Zidane. « Nous avons eu des difficultés au début, ils ont marqué deux fois, mais il ne fallait pas s’affoler. Nous savions que nous aurions des occasions. »
Être à nouveau en finale est, en soi, une consécration pour Zidane: champion d’Europe en 2016 pour sa première saison comme entraîneur principal, l’ancien meneur de jeu français est proche d’écrire une nouvelle page de sa légende, celle d’un héros du football né sous la plus belle des étoiles. A Cardiff, il retrouvera en outre la Juve, son autre club de coeur, où il a évolué comme joueur (1996-2001).
« Ce sera quelque chose de spécial, c’est sûr, parce que c’est un club très important pour moi », a commenté Zidane. « Maintenant, je suis au Real Madrid, c’est le club de ma vie et ce sera une belle finale. »
Si le Real poursuit son idylle avec la « Coupe aux grandes oreilles », l’Atletico a lutté en vain mercredi pour se défaire de son encombrant voisin, qui l’avait battu en finales des éditions 2014 et 2016.
Il restera à l’Atletico l’honneur d’une ultime victoire à domicile dans son stade promis à la démolition, et la conviction d’avoir, à défaut de trophées, un supplément d’âme. Car il fallait voir les tribunes, découvertes sous la pluie battante, chanter à perdre haleine pendant les ultimes minutes du match.
Dans cette ambiance de folie, les hommes de Diego Simeone ont parfaitement réussi leur début de match, prenant le Real à la gorge avec deux buts rapides.
Mais un tel niveau d’intensité était difficilement tenable et l’Atletico a fini par reculer à la demi-heure de jeu. C’est ce qui a sauvé le Real, jusque-là en souffrance et bientôt ragaillardi par l’excellent Isco et le métronome Luka Modric.
Du talent, Karim Benzema en a aussi à revendre. Critiqué cette saison, parfois sifflé par son propre public, le Français a surgi lorsque cela comptait vraiment: enfermé le long de la ligne de but, Benzema a réussi un double contact somptueux pour échapper à trois défenseurs, avant qu’Isco n’achève le travail (42e).
Cela fait désormais 61 matches officiels d’affilée que l’équipe de Zidane marque au moins un but, record du Bayern Munich égalé, et celui-ci a une valeur immense: il a rendu la tâche impossible à l’Atletico, contraint de marquer trois fois.
La seconde période a été bien moins intense même si le gardien merengue Keylor Navas, autre mal-aimé soudainement réhabilité, a sauvé les siens à plusieurs reprises (66e, 71e).
Quant à Ronaldo, l’homme aux 104 buts en C1, il n’a pas connu un très grand soir au Calderon, entre frappe trop molle (3e) ou but hors-jeu (69e).
Mais peu importe pour le Real, puisque voilà le club des quartiers nord de Madrid à nouveau au rendez-vous de Ligue des champions. Et l’Atletico, équipe des quartiers sud, a pu pleurer à chaudes larmes son adieu à l’Europe et au stade Calderon…
Le Quotidien / AFP