À 39 ans, Sébastien Muet en compte déjà 19 en tant qu’entraîneur au sein du centre de formation du FC Metz. Il y a cinq ans, Philippe Gaillot et lui ont eu le coup de foudre pour Vincent Thill. Actuellement en charge des U19, il parle de son boulot avec passion et décortique le cas du phénomène luxembourgeois. En insistant sur le travail qu’il lui reste à accomplir, mais en admettant que Metz vise très haut pour lui.
Vincent est le seul joueur surclassé des U19. Pourquoi?
Sébastien Muet : C’est effectivement le seul joueur né en 2000 sur la feuille de match aujourd’hui (samedi 19 décembre). On veut qu’il gagne en maturité. Là, il se retrouve en face de gars beaucoup plus costauds que lui. Il a des progrès à faire dans le domaine athlétique. Attention, l’objectif n’est pas d’en faire un gros costaud! Vincent Thill, c’est un créateur, un joueur décisif et c’est pour ces raisons qu’il joue déjà en U19.
Quel est votre premier souvenir de lui?
Il y en a plusieurs. Toutes ces fois où on est venus le voir au Luxembourg. La première, c’était du foot en terrain réduit, puisque c’était un garçon de 10 ans. On voyait déjà qu’il sentait la dernière passe. Il ne passait pas ses matches à dribbler tout le monde pour marquer à chaque fois. Non, c’était plus que ça. Il était déjà au service de l’équipe. À son premier entraînement à Metz, son jeu a encore été plus efficace. Jouer avec des plus forts le rend plus fort.
Avez-vous un rapport privilégié avec lui compte tenu que c’est vous qui l’avez détecté?
J’ai un rapport privilégié avec chacun des joueurs que j’entraîne. Chaque gamin a une sensibilité qui lui est propre. Vincent, c’est peut-être un timide, mais ça ne l’empêche pas d’être un leader. Je parle d’un leader technique. Ce n’est pas quelqu’un qui va pousser un coup de gueule dans le vestiaire.
Le fait qu’il se retrouve au milieu de joueurs plus âgés peut-il faire des jaloux?
Non! Vous avez vu le match aujourd’hui? Dès qu’on ressortait le ballon, quels pieds on cherchait? Ceux de Vincent Thill. Ici, tout le monde l’adore. On l’a intégré il y a quelques semaines à notre groupe d’entraînement U18-U19-U20, car on a senti qu’il était prêt.
Est-il aujourd’hui là où vous vouliez qu’il soit lors de son arrivée à Metz?
Évidemment! Complètement! Je tiens à préciser qu’il a encore plein de carences, il y a beaucoup de travail à accomplir. La pire des choses serait de vouloir aller trop vite. La formation, c’est prendre son temps. L’idée, c’est que dans les dix années à venir, l’Europe sache qui est Vincent Thill. Pas de faire de lui un grand jeune joueur, mais un grand joueur tout court. Son humilité et son entourage font de lui quelqu’un d’équilibré. Entraîner ce gamin, c’est un kif d’enfer.
Une comparaison avec Miralem Pjanic est-elle bienvenue?
Bien sûr qu’il y a des similitudes. C’est même évident. Dans le talent, dans la sensibilité balle au pied. J’étais là quand Pjanic est arrivé à Metz. J’ai vu sa progression. Et je vous dis qu’on a le droit de faire un parallèle. Mais n’allons pas trop vite, s’il vous plaît.
Recueilli par M. P.