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L’État renfloue EDF et vole au secours du nucléaire


La manne financière de l’État permettra notamment le "grand carénage" des 58 réacteurs français, évaluée à plus de 50 milliards d'euros, d'ici 2025. (illustration AFP)

L’État français s’est engagé à renflouer EDF, pilier du nucléaire, dans le cadre d’un projet d’augmentation de capital de 4 milliards d’euros annoncé vendredi par l’électricien.

Le groupe, détenu à près de 85% par l’État français, et le gouvernement discutaient depuis des semaines pour trouver une issue à l’équation financière de l’électricien, endetté et plombé par des prix de l’électricité en berne en Europe et un mur d’investissements à venir.

« EDF est un groupe déjà endetté, de plus en plus endetté, et il est indispensable que nous mettions cet endettement sous contrôle. Le groupe doit donc dégager des moyens supplémentaires pour financer ses investissements », a justifié le PDG Jean-Bernard Lévy, dans un entretien au Figaro mis en ligne vendredi soir.

A l’issue d’un conseil d’administration de plus de quatre heures, le groupe a finalement validé un projet d’augmentation de capital de 4 milliards d’euros pour renflouer ses fonds propres, qu’il compte lancer d’ici le début de l’année prochaine, si les conditions en Bourse le permettent.

L’État français mettra la main au portefeuille à hauteur de 3 milliards d’euros, a indiqué Bercy, alors qu’en janvier, il s’est déjà engagé à renflouer Areva. Le gouvernement n’a pas détaillé comment il financerait ce nouveau coup de pouce à l’industrie nucléaire française, mais il dispose de participations dans d’autres entreprises qu’il pourrait céder.

Thérapie de choc

Pour s’assurer ce soutien, EDF a aussi dû muscler ses propres efforts, comme l’avait réclamé le ministre de l’Économie Emmanuel Macron. Il vise désormais une baisse de ses coûts « d’au moins un milliard d’euros » en 2019 par rapport à 2015, soit bien plus que les 700 millions d’euros en trois ans initialement prévus.

L’électricien, qui avait déjà prévu de réduire de 5% ses effectifs en France, n’évoque pas de suppressions de postes supplémentaires. « On suppose que ça ne peut pas ne pas avoir de conséquences », a indiqué une source syndicale.

Dans le même temps, EDF va réduire ses investissements nets (hors compteur intelligent Linky et nouveaux développements) de près de 2 milliards d’euros en 2018 par rapport à ceux réalisés en 2015. Il s’établiront donc à 10,5 milliards d’euros à cette échéance.

Le groupe compte aussi récupérer 10 milliards d’euros en cédant des centrales thermiques (gaz, charbon, fioul) à l’étranger et des participations minoritaires. Enfin, le gouvernement s’est résolu à ouvrir le capital du gestionnaire du réseau électrique à haute tension RTE. Bercy veut que cela soit mis en œuvre « d’ici fin 2016 ».

Cette thérapie de choc doit permettre au groupe d’aborder plus sereinement l’avenir. Et notamment la maintenance lourde des 58 réacteurs français (le « grand carénage »), évaluée à plus de 50 milliards d’euros d’ici 2025.

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