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Les vignes luxembourgeoises n’ont jamais été aussi précoces


Sur les hauteurs de la Koeppchen, la chapelle Saint-Donat veille sur des vignes en pleine santé. (photo Erwan Nonet)

La chaleur et l’humidité du printemps et de ce début d’été ont entraîné une croissance de la vigne jamais vue. Le millésime 2018 pourrait bien être assez exceptionnel…

Il suffit de jeter un œil sur les vignes pour se rendre compte que cette année leur croissance est simplement extraordinaire. À la charnière des mois de mai et juin, la floraison a été rapide et homogène, sans gel tardif cette fois, contrairement aux deux précédentes années. Le printemps et ce début d’été ont apporté de la chaleur, de la lumière et de l’humidité, tout ce dont raffole la vigne qui, rappelons-le, est une liane.

Alors, en ce mois de juillet, les ceps sont chargés de grappes et les baies sont déjà bien formées. Une aubaine pour des vignerons dont les stocks font défaut après plusieurs millésimes difficiles.

Mais il ne faudrait surtout pas croire que grâce à ces bonnes conditions, les viticulteurs n’ont qu’à se croiser les bras et observer béatement leurs parcelles se développer comme jamais. Au contraire, cette croissance stupéfiante leur a imposé un travail de tous les instants pendant plusieurs semaines.

Une aubaine, mais beaucoup de travail

« La fin de printemps et le début de l’été ont été très intenses, reconnaît André Klein, au domaine Alice-Hartmann à Wormeldange. Il a fallu beaucoup effeuiller, passer les traitements nécessaires pour éviter les maladies (NDLR : qui raffolent de la chaleur et de l’humidité, justement) … Ces dernières semaines, les ouvriers arrivaient à 4h au domaine, commençaient à travailler à 5h dans les vignes et la journée durait jusqu’à 20h. C’était vraiment dur. »

Rogner les rangs pour ôter les feuilles qui dépassent est une tâche indispensable. Cette action a deux intérêts. Le premier est de freiner le grossissement des baies, car enlever les feuilles revient à réduire les capacités de photosynthèse de la plante. Avec moins d’énergie à sa disposition et des feuilles à remplacer, le cep va donc s’efforcer à accroître sa surface foliaire plutôt qu’à arrondir les raisins.

Le second effet positif de l’effeuillage est le renforcement de la pellicule des baies qui, recevant davantage les rayons du soleil, se protègent en développant leur peau. Enfin, autre avantage qui peut être intéressant si le temps s’assèche, diminuer le nombre de feuilles permet de limiter l’évapo-transpiration de la plante et, donc, d’économiser de l’eau. Une seule vigne peut effectivement transpirer 50 litres d’eau par journée, ce qui correspond à 5 000 à 7 000 litres d’eau par an !

Le risque météo, toujours

Néanmoins, cette vague de travail imposée par les conditions météorologiques touche à sa fin. André Klein le confirme : « Si l’on vendange début septembre, il ne faudra plus traiter qu’une seule fois et, maintenant, il faut laisser la vigne produire de beaux fruits jusqu’aux vendanges. »

Toutefois, André Klein le sait bien, une récolte n’est assurée que lorsque les raisins sont en cave. Le principal risque, aujourd’hui, serait de voir de fortes pluies suivies d’une canicule. Les raisins, gorgés d’eau, gonfleraient et la chaleur pourrait les faire éclater. Dans ce cas, il sera difficile d’éviter la prolifération de la mauvaise pourriture…

L’autre danger, et les vignerons de Charente (la région de Cognac) viennent de l’éprouver, est la grêle. Mais le Luxembourg y a souvent échappé ces dernières années.

Erwan Nonet