Les marchés financiers, à commencer par la place parisienne, saluaient par de très fortes hausses le résultat du premier tour de l’élection présidentielle française lundi matin, pariant sur une élection du candidat pro-européen et libéral Emmanuel Macron.
« Ballotage favorable pour les marchés », soulignent les analystes de la banque Natixis, qui ajoutent que « les investisseurs devraient être largement soulagés ». Arrivé en tête avec 23,75% des voix, Emmanuel Macron, ancien ministre de l’Économie de François Hollande et ancien banquier, devance légèrement la candidate FN Marine Le Pen (21,53%), selon les résultats globaux (hors Français de l’étranger) du ministère de l’Intérieur. « C’est le scénario parfait dont le marché rêvait désespérément », a commenté pour l’agence Bloomberg News Sebastien Galy, analyste chez Deutsche Bank AG à New York.
A l’ouverture, à 7h GMT, la Bourse de Paris décollait de 4,1%, celle de Madrid de plus de 3%. Suivant la même tendance, Francfort prenait 2,06% et Londres 1,37%. Ce sont les valeurs bancaires qui profitaient le plus de l’enthousiasme ambiant. BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole s’adjugeiant près de 8% dans les premiers échanges parisiens. La britannique Barclays, l’italienne Unicredit ou encore l’allemande Deutsche Bank connaissaient aussi de fortes progressions. Sur le marché obligataire, le taux d’emprunt français à 10 ans a vu son taux chuter à 0,825%, son plus bas niveau depuis mi-janvier, peu après l’ouverture à 6h GMT, avant de remonter légèrement. Plus significatif, l’écart de taux avec le Bund allemand à même échéance, qui sert de référence, s’est nettement rétréci, témoignant de l’optimisme des investisseurs quant à la qualité de la dette française et leur goût retrouvé pour le risque.
Quid des législatives ?
Avant l’ouverture des Bourses européennes, l’Asie avait donné le tempo, Tokyo finissant par exemple en hausse de 1,37%, tandis que les autres places de la région étaient elles aussi dans le vert. L’euro, devenu un enjeu central de l’élection entre candidats défendant la monnaie unique et ceux souhaitant voir la France retrouver une devise nationale, a bondi de 2% par rapport à vendredi, jusqu’à 1,0937 dollar, son plus haut niveau depuis novembre 2016, après la victoire de Donald Trump aux États-Unis. Il retombait plus tard autour de 1,0860 dollar. Vis-à-vis de la devise nippone, délaissée quand les incertitudes se dissipent, la monnaie unique est montée à 120,91 yens, contre 117,07 yens en fin de semaine dernière, avant de repasser sous la barre des 120 yens. Le dollar a lui aussi grimpé, à 110,64 yens (contre 109,15 yens).
« La réaction initiale des marchés a été plus forte que prévu, signe qu’ils étaient sur leurs gardes », a souligné Yuji Saito, analyste des changes au Crédit Agricole, basé à Tokyo. « Il y avait de quoi être prudent. C’était une course serrée entre quatre candidats à l’issue difficile à prédire ». Pour les investisseurs, le jeu semble déjà fait : « ils considèrent pour acquis le fait qu’Emmanuel Macron, 39 ans, deviendra le prochain président de la République dans deux semaines », a affirmé dans une note Ray Attrill, de la National Australia Bank. Selon deux sondages publiés dimanche soir, le candidat d’En Marche !, ex-banquier qui se veut « ni de droite ni de gauche », s’imposerait avec 62 ou 64% des voix le 7 mai.
Les incertitudes quant au résultat final de l’élection présidentielle semblant levées, ce sont désormais les élections législatives que les marchés ont en ligne de mire. « La question se posera (…) sur du plus long terme de voir la capacité pour Emmanuel Macron de regrouper une majorité parlementaire stable autour de lui. Le rendez-vous prochain se tiendra donc en juin pour les élections législatives », préviennent les analystes de Saxo Banque.
Le Quotidien/AFP