Olivier Ciancanelli a conduit le Progrès à l’Europe, 33 ans après la dernière participation niederkornoise. Et il pourrait savoir aujourd’hui si le club veut le voir continuer.
Vous étiez où en 1982, l’été de la dernière participation niederkornoise à une Coupe d’Europe, contre le Servette Genève ?
Olivier Ciancanelli : Calculez ! J’ai 53 ans, j’en avais donc 20 et j’étais jeune footballeur à Lasauvage, en 2e division. À cette époque, pour moi, il y avait deux clubs quand je regardais vers le haut : les Red Boys, dont mon père était fan, et le Progrès. Même si j’étais à l’école avec Hubert Meunier, j’avais des amis dans les deux clubs…
Et la génération niederkornoise de la fin des années 70 – début des années 80, elle vous inspire quoi, 30 ans plus tard ?
Cette époque, c’est la plus grande équipe du Progrès de l’histoire. Avec Camille Neumann, Jean-Louis Margue. D’ailleurs, c’est ce dernier qui m’attendait à la buvette après le match contre Rumelange (NDLR : victoire 1-0 qui qualifiait officieusement le Progrès pour l’Europa League) pour me prendre dans ses bras, la larme à l’œil – que j’avais moi aussi d’ailleurs – et me féliciter. Plein d’autres gens m’ont félicité, mais il y en a certains qui ont marqué ma vie, à moi, quand j’étais jeune, à qui cela fait plaisir de rendre la pareille.
La génération d’aujourd’hui a-t-elle les moyens de devenir marquante ?
Elle n’a rien à envier à celle des ancêtres, mais elle compte beaucoup moins de Niederkornois. Avant, c’était strictement un club de village.
L’ambition des dirigeants est d’approfondir à long terme la veine des joueurs formés au club…
C’est le but final, mais quand on voit ces derniers temps les projets de ce type qui capotent à droite et à gauche, on ne sait jamais…
Le Progrès joue bien au foot. Est-ce un résultat qui a été complexe à atteindre ?
On a fait beaucoup de jeux de possession toute cette saison. Pas un entraînement ne s’est déroulé sans ballon.
C’est délicat, dans ces moments-là, d’évaluer la part que prend un coach dans le résultat final, dans ce qui se voit sur le terrain ?
Des mauvaises langues disaient déjà : « Ciancanelli, il avait une bonne équipe, il n’avait rien à faire. » Moi je réponds : « O. K., mais des bonnes équipes, on en a eu plusieurs ces 33 dernières années… » J’ai eu un groupe à découvrir en une semaine et, eux aussi, m’ont découvert. Il a fallu trouver une harmonie en sachant qu’on voulait jouer un football chatoyant. On m’a même dit une fois qu’il était pétillant après des matches contre des équipes théoriquement plus huppées que je ne citerai pas.
Depuis deux semaines, les rumeurs se multiplient autour de votre volonté, malgré tout, de changement. Alors quoi ? On peut en avoir déjà marre après un an de succès ?
Un coach doit toujours prendre du plaisir. Cette saison, j’ai noté huit à neuf coaches de DN qui sont partis ou ont été virés (NDLR : en réalité, quatre, mais neuf si l’on compte les départs volontaires en fin de saison). Ça fait beaucoup, vous êtes d’accord !? C’est un boulot fatigant qui demande beaucoup d’investissement. Pour le faire avec plaisir, il faut que tout soit comme vous l’entendez. Or certaines choses en interne ne m’ont pas plu. On m’a répondu : « Serre les fesses et amène-nous là-haut. » Je l’ai fait, mais maintenant je dis : « Stop, je ne veux plus, il y a des décisions à prendre parce que je ne veux plus entraîner comme cela. »
Julien Mollereau
Entretien à lire en intégralité dans Le Quotidien papier de ce mercredi